Drive (Etats-Unis – 1h40) de Nicolas Winding Refn avec Ryan Gosling, Carey Mulligan, Bryan Cranston, Albert Brooks, Ron Perlman…
Permis à très bons points
Disons-le tout net : Drive n’est ni plus ni moins qu’un chef d’œuvre. Le film de Nicolas Winding Refn, où les faux-pas se cherchent comme une aiguille dans une botte de foin, réussit à mêler harmonieusement dans une même histoire romantisme poignant et violence exacerbée. Ryan Gosling est le « chauffeur » ; un cascadeur automobile surdoué qui se rêve en pilote de stock-car le jour et se mue la nuit en conducteur, ganté et non armé, de braqueurs. Rien ne sera dévoilé sur son passé, mais quand Irène (étincelante Carey Mulligan) et son fils, voisins de palier et de cœur ayant éraflé son capot de solitude impassible, sont en danger, rien ne peut l’arrêter. Il les protègera alors au prix d’une accumulation de cadavres sur sa route vengeresse. En dépit d’un visage lustré de sérénité, le scorpion brodé sur le blouson de Ryan Gosling semblait pourtant dès le départ nous mettre en garde. Rarement un acteur aura réussi à exprimer autant d’émotions, avec une si grande économie dans son jeu. Naviguant entre Bulllit, History of Violence, et Taxi Driver, le film manie les ruptures de rythme comme le chauffeur ses changements de vitesse. La mise en scène, rythmée par une bande-son électronique exceptionnelle, agit sur nous comme un aimant. Par moments, la caméra nous raconte les situations de manière elliptique, laissant aux objets le soin de tisser le scénario, ou opère des allers-retours entre ce que regarde le chauffeur et son visage en gros plan, épousant ainsi pleinement l’action. Les seules respirations autorisées proviennent de ralentis, réservés aux instants de grâce entre l’innocente Irène et l’énigmatique chauffeur. L’histoire a beau avoir été quelque peu remaniée par rapport au livre éponyme de James Sallis, aucun point ne sera retiré du permis d’œuvre brillante que l’on décerne derechef à cet incroyable film.
Guillaume Arias