DUELIST – (Corée du Sud – 1h50) de Lee Myung-Se avec Ha Jiwon, Gang Dongwon…
Ce qui est étrange, et finalement assez amusant, avec Duelist, c’est qu’une fois passée la première bobine du film, le critique, déjà éreinté par tant d’afféteries à la mode, espère très sincèrement que tout cela se termine vite, par respect pour ses yeux… (lire la suite)
Royaume de pacotille(s)
Ce qui est étrange, et finalement assez amusant, avec Duelist, c’est qu’une fois passée la première bobine du film, le critique, déjà éreinté par tant d’afféteries à la mode, espère très sincèrement que tout cela se termine vite, par respect pour ses yeux autant que pour le cinéaste. Car, que l’on ne s’y trompe pas : avant d’être positivement insipide, Duelist est un film fatigant. Dans la Corée du XVIIe siècle, les agents secrets Nam Soon et Ahn se retrouvent plongés dans un scandale politico-financier mettant en cause un ministre et un sabreur doué bien que peu disert. Est-il utile de préciser que le film est inspiré d’un manga local extrêmement populaire ? Même pas, dans la mesure où une telle ascendance ne peut expliquer comment un cinéaste peut sombrer avec autant de confiance en ses propres moyens. Du début à la fin, Lee Myung-se aligne les effets les plus éculés (ralenti, grand angle, voiles flottants dans l’air délicat des palais impériaux,etc.), vaguement inspirés par le cinéma hongkongais de Tsui Hark et les dernières superproductions chinoises (Hero et Wu ji), sans jamais chercher à bâtir une œuvre cohérente ou un tant soit peu personnelle. Tout ici a été emprunté à droite et à gauche, avant d’être approximativement mélangé dans un indigeste shaker. Las. On sent bien que le cinéaste a voulu nous prouver que les Coréens étaient eux aussi capable de réaliser une grande fresque à vocation internationale. Tout cela est effectivement bien éclairé, les mouvements de caméra sont très jolis à voir et les costumes visiblement faits de la plus belle étoffe. Or au cinéma la matière première importe moins que le savoir-faire de celui qui l’assemble. De là à dire que Duelist est un film mal fait, il n’y a qu’un pas. Franchissons-le allégrement.
Romain Carlioz