D’une seule voix – Documentaire (France – 1h23) de Xavier de Lauzanne
Le Chœur à l’ouvrage
Parmi les bonnes résolutions de l’année 2010, les citoyens du monde que nous sommes peuvent espérer qu’Israéliens et Palestiniens continuent à œuvrer pour que le processus de paix au Proche-Orient avance. L’objectif du documentaire D’une Seule Voix n’est en aucun cas de donner une vision politique du sujet, qui aurait forcément été partisane, mais d’interroger la dimension transcendante de l’art — ici de la musique — face aux violences impliquées. C’est donc caméra à l’épaule que Xavier de Lauzanne suit Jean-Yves Labat de Rossi, organisateur d’une tournée française hors norme associant des chanteurs juifs israéliens, arabo-palestiniens et arméniens. Les gros plans sur les quartiers de résidence, le mobilier ou les instruments de musique nous rappellent que le quotidien des uns et des autres se ressemble de ce point de vue. L’espoir est également de mise puisque ces artistes, temporairement extirpés d’une vie tragique, se retrouvent le temps d’une tournée autour des valeurs de la musique, de l’humour et, plus généralement, du partage. Avant de quitter leur domicile et en prévision de ces concerts, tous avaient reconnu la neutralité de la musique, sorte de bulle increvable et sourde aux cris des armes ou des enfants. Quelques éléments viennent pourtant souligner que le retour à une réalité, autrement plus difficile, n’est jamais loin : symboliquement, à travers une séparation de barreaux de fenêtres ou, plus concrètement, par cette vision du mur isolant la Palestine d’une partie d’Israël, et l’irruption du conflit politique dans la bouche même d’un manager palestinien pendant la tournée. Le plus surprenant vient peut-être du contraste entre ces jeunes choristes plus gais que leurs aînés, mais aussi plus pessimistes quant à la possibilité d’une issue pacifique au conflit. Le proverbe ne ment donc pas : la musique adoucit les mœurs.
Guillaume Arias