Au cours des derniers siècles, une partie conséquente de la population mondiale s’est affranchie d’une préoccupation qui, depuis quelques millions d’années, n’avait rien d’une mode : survivre. Les inconvénients de cette économie originelle étaient… (lire la suite)
Commerce équitable : deuxième semaine
Au cours des derniers siècles, une partie conséquente de la population mondiale s’est affranchie d’une préoccupation qui, depuis quelques millions d’années, n’avait rien d’une mode : survivre. Les inconvénients de cette économie originelle étaient : « Quand y en a, on mange, mais quand y en a plus… » L’organisation locale a ensuite permis, sous des formes et des règles différentes, de gérer les disparités (saisons, complémentarités des lieux, des tâches…). Enfin, alors que les techniques et les transports ont connu un grand développement dans les régions « avancées », l’économie est devenue de type transnational. Cette troisième organisation a donné la possibilité de s’affranchir des règles régionales : conditions de travail, règles sanitaires… et a provoqué la fin des équilibres locaux d’offre et de demande. La conséquence principale est de voir des régions, détournées de leurs nécessités, produire des biens destinés à d’autres régions qui n’en n’ont pas besoin mais juste envie. Cette étape, imposée à tous par une dictature des zones riches avec l’équation « libéralisme = liberté », a atteint un tel degré de complexité qu’elle pose un réel problème existentiel. Exemple : l’agriculteur européen vit des subventions obtenues par son non-travail (jachère), l’employé-consommateur occidental vend et achète des produits non nécessaires qui sont fabriqués dans des conditions dont ses aînés ont tout fait pour ne plus les subir. Aussi démesuré soit ce malaise face à l’urgence dramatique des deux tiers de la planète, c’est pourtant là qu’il faut chercher l’origine du courant commerce équitable. Il est bon de répéter que seul le commerce local, voire direct, est équitable. Il a, notamment, la qualité de ne pas intervenir dans le fonctionnement naturel d’une autre région que seule l’aide au développement[1] peut accompagner dans un retour à une indépendance économique pratique. Les plus concernés d’entre nous peuvent ainsi aller aux antipodes développer l’agriculture locale, le commerce local, les transports locaux et les coopératives désorganisées par la mondialisation. Pour les autres, visiblement nombreux, ce n’est pas un achat périodique de produit estampillé « Max Havelaar » noyé dans un chariot de plastique qui changera la donne. On peut même avancer que cela a des effets pervers, « là-bas ». Par contre, ne plus RIEN acheter dans les supermarchés et développer des rapprochements entre producteurs locaux et consommateurs d’une même région paraît être une bonne piste. Face aux multiples débats et annonces[2], soyons clairs : s’il y avait une volonté politique — cette phrase paraît idiote mais, officiellement, nous sommes toujours en démocratie, c’est-à-dire dans un système où le peuple choisit le fonctionnement qui lui convient —, le terme équitable ne serait pas un argument commercial, un passe-temps pour jeunes blancs qui s’ennuient. Ainsi, pour que ce qualificatif ne soit pas une pantalonnade, il faudrait qu’il devienne une norme où le contraire (qui s’appellerait alors pas équitable ou dégueulasse) deviendrait hors-la-loi, de la même façon que les règles ISO appliquées pour l’hygiène, la qualité ou l’environnement. En attendant, quelle que soit l’absurdité de nos vies d’acteurs économiques modernes, elle atteint son comble à travers la réflexion banale qui sert aujourd’hui d’édito : « Comment faire pour changer cette situation, pourtant enviée par la terre entière ? » nous disons nous, dans les rayons pâtes-purée-chips de notre supermarché où l’« on ne va que très rarement ».
Texte et photo : EG
Notes
[1] Financée en France par l’APD, détournée à plus de 80 % en achat d’armes à la France, en remboursement de la dette à la France, en infrastructure pétrolière dont bénéficie exclusivement la France.
[2] Communiqué de l’Elysée : « Le président se sent lui- même très impliqué et a demandé a ce que tous les cafés servis soit du Malongo », marque dont on sait que 80 % du café n’est pas équitable (dégueulasse ?) mais jouit d’une réputation et d’une belle boite en fer.