Edito 215

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Mauvaise langue

Difficile d’échapper au fils de Nicolas 1er en ce moment. Depuis son premier « coup » politique la semaine passée — une trahison, comme papa (à croire que c’est génétique…) —, Jean Sarkozy affole des médias avides de nouvelles têtes (quitte à ce que ce soit des clones), qui se repaissent de la ressemblance frappante entre le jeune homme et son géniteur, notamment dans la façon de s’exprimer (ne manquent plus que les tics nerveux…), tout comme dans le « fond » du discours (promesses se voulant rassurantes, absence totale de scrupules…). Bref, dans la communication. Ou comment faire passer un discours creux et convenu comme une lettre à la poste en manifestant une totale absence de complexes. Sarkozy et ses sbires confondent le verbe et l’acte. Résultat : ils disent tout, son contraire et font n’importe quoi. Mais plus encore que ces effets de « style » qui ne feront pas illusion bien longtemps (le divorce semble déjà consommé entre la France et le Président), le langage même du fils Sarkozy illustre une tendance hélas généralisée dans le milieu politique : une pratique lamentable de la langue française. Les exemples, hélas, ne manquent pas.
A l’instar de son père (décidément…), le petit prince de Neuilly a ainsi une fâcheuse tendance à lâcher des « Les Français, y veulent… » là où un simple « Les Français veulent » ferait l’affaire (enfin, en admettant que nos hommes sachent réellement ce que veulent leurs « sujets »…). Dans l’émission Dimanche+, Fadela Amara, tout en vantant les mérites de la convention sur l’apprentissage de la langue française incluse dans son fameux « Plan Banlieue », balance un « C’est encore plus pire » du plus bel effet. Encore plus Pire : sur un papier laissé par le petit monarque après un discours et découvert par l’excellent Petit Journal de Yann Barthès, on pouvait lire : « Lybie -> fréquenter -> l’infrécantable ». Au secours !
Ce mépris de la langue française, voire cette inculture revendiquée (« Plus c’est gros, mieux ça passe », comme aurait dit Mitterrand), avec la complicité de médias encore asservis malgré les apparences, s’inscrit parfaitement dans cette présidence bling bling, pour ne pas dire beauf (voire « nouveaux riches »), que l’on subit depuis huit mois. On sait que l’éducation et la culture ne sont pas les priorités du gouvernement (1), de là à afficher une telle inculture, il y a un pas que nos politiques n’hésitent pas à franchir — en prétendant abolir les tabous et se montrer « vrais » (à l’instar de pipoles comme Mathilde Seigner qui font passer leur beaufitude sous couvert d’être des « grandes gueules »), ce que les Français ne semblent plus vraiment prêts à avaler.
Alors que se prépare une réforme de l’éducation (dont nous vous reparlerons prochainement) et notamment de l’apprentissage scolaire du français, on se demande quelle sera la prochaine étape vers l’appauvrissement culturel de l’hexagone. La prochaine allocution du Président traduite en SMS ? « jne vs mantiré pa sr lpvoir d HA… » (2)

Texte : CC
Illustration : dB

Notes
  1. Par exemple, qui connaît la ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel ? Personne, et pourtant, quand on l’a entendue asséner des « aneffet » façon Douste-Blazy en interview, on s’en souvient ![]
  2. En français dans le texte : « Je ne vous mentirai pas sur le pouvoir d’achat… » []