liste d’attentes
A l’approche du premier tour des municipales, l’équipe de Ventilo se fend d’une brève revue des principales listes en présence. Avec la mauvaise foi qui la caractérise (ah bon, y a des cantonales aussi ?).
Jean-Claude Gaudin (UMP) : entre autres soutenu par Titoff, Roger Hanin et Corinne le Poulain (no comment), le maire sortant (enfin, on espère…) — accessoirement numéro 2 de l’UMP, ce qu’il ne chante plus — vante son bilan et joue sur les symboles. Sous l’appellation « La réussite de Marseille vous réussit », son projet s’articule autour de « 21 mesures phares pour mettre Marseille à l’heure du 21e siècle ». Briguant un troisième mandat consécutif, il ne lésine pas sur les moyens et dresse sur l’espace public d’immenses tentes pour abriter ses militants. Jusque sur la porte d’Aix où l’une d’entre elles remplace celles, de triste mémoire, des sans-abri. Son plan est simple : compter sur sa « plus-value personnelle » et ses réseaux pour garder « sa » ville. Cinq objectifs en vue : « Marseille exemplaire », « Marseille volontaire », « Marseille solidaire », « Marseille visionnaire » et, la meilleure pour la fin, « Marseille spectaculaire » (parfaite illustration de la vision municipale de la culture). Un programme pour les 21 prochaines années ?
Jean-Noël Guérini (PS) : Le président du Conseil Général mise — judicieusement — sur le ras-le-bol exprimé au niveau national comme local : « 13 ans de Gaudin, ça suffit ! Les Marseillais n’en peuvent plus. » Il veut incarner le changement et pour cela, s’appuie principalement sur le bilan de son principal concurrent en égrainant les points faibles de la ville gaudiniste (augmentation des impôts de 30 %, 12,5 % de chômage, dette de 3400 € par habitant…). Le champ lexical de la victoire est une fois encore associé aux Marseillais, mais en les impliquant plus directement : « Ensemble, nous allons faire gagner Marseille, pour faire gagner les Marseillaises et les Marseillais ! » Le programme, martelé avec force points d’exclamation, fait feu de tout bois. « Rendre Marseille propre en six mois », diminuer les voitures d’un quart en cinq ans dans la ville, mettre « la culture partout et pour tous », loger les Marseillais (sic) et ne pas augmenter les impôts. Présomptueux ?
Jean-Luc Bennahmias (Modem) : transfuge des Verts avec Christophe Madrolle, JLB se présente « pour les Marseillais avec Passion ». Cette manie de mettre des majuscules partout ! Le nouveau centriste — ah non pardon, démocrate en mouvement, faut pas se gourer chez les centristes — se veut réaliste, donc modéré. Il veut une ville dynamique, non clientéliste (transparence réelle sur les appels d’offres), développée durablement et équitablement (recyclage et valorisation des déchets dans tous les arrondissements), démocratique, culturelle et laïque. Ces « démocrates et écologistes » ne perdent pas le Nord. De là à gagner le Sud…
Marseille contre-attaque à gauche : représentée volontairement par cinq porte-parole au passif militant associatif, politique ou syndical, la liste « d’union de la gauche de la gauche » réunit dans son giron divers partis et mouvements : LCR, Alternatifs, collectifs antilibéraux, Ballon Rouge, Alterekolos et Motiv-é-e-s. Seule Lutte ouvrière manque à l’appel : le parti trotskiste orphelin a choisi de rejoindre la liste de Guérini dès le premier tour. Des propositions phares bien ancrées à gauche : rétablir la gestion municipale de l’eau et offrir aux Marseillais un réseau de transports gratuit. Et une volonté : hardi contre l’empire.
Stéphane Ravier (FN) : étonnamment, le nationaliste de tendance dure a intitulé son programme « Les Marseillais d’abord ». Le FN compte sur la « débâcle sondologique » du Président pour un retour de flamme assez peu probable. Appelé à la rescousse la semaine passée, Le Pen, évoquant les évènements du Kosovo, a lancé le plus sérieusement du monde : « Imaginez que l’immigration étrangère soit majoritaire dans les Bouches-du-Rhône: ils demanderaient leur indépendance », pour justifier son opposition à l’édification de la grande mosquée. Côté programme, priorité à la sécurité — « armer la police municipale » en triplant ses effectifs en six ans — et nationalisme frontal (« Réorienter la politique de discrimination positive à l’emploi en faveur des Français »). Mention spéciale au programme « culturel », qui vise à « refaire de notre Canebière un lieu de culture et de convivialité marseillaises avec un marché permanent du terroir provençal. » Le Ravier de la crèche ?
Texte : CC/VL
Photo : dB