Jugé Coupat
Tarnac, 11 novembre 2008. Une centaine de policiers investissent ce village du plateau de Millevaches pour arrêter neuf personnes coupables à leurs yeux du fumeux délit « d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Une petite communauté autour d’une épicerie bio se trouverait au centre d’un dangereux complot tentant de saper les bases du pays. Les caténaires avaient tenu bon, les jaloux saboteurs étaient sous les verrous. Julien Coupat le premier, qui s’y trouve encore. Et la liste de s’allonger. Un collègue de boulot un peu lourd a suffi pour y ajouter Stéphane, 29 ans, en lui envoyant ce SMS sur son portable: « Pour faire dérailler un train, t’as une solution ? » Résultat : son opérateur téléphonique l’a dénoncé aux autorités qui l’ont placé illico en garde à vue. Stéphane n’a recouvré la liberté que 24 heures plus tard, sans rire. Doit-il en vouloir à son pote, à Bouygues Telecom, à la police, à Coupat ? Le fait est qu’il est plus difficile d’éviter les sales blagues que d’échapper au système antiterroriste qui en a après vous. L’arsenal des lois d’exception et des pratiques sécuritaires fait fi des prétendues libertés des présumés coupables.
Dans son triste cas, Julien Coupat a-t-il poussé la réflexion trop loin, se sentant pousser des ailes révolutionnaires sur son corps idéologique ? Ou bien sa culture et son engagement politiques l’ont-ils désigné comme choix parfait d’un casting machiavélique pour le rôle de grand méchant loup ? Lui-même se dit la cible d’un « procès en sorcellerie ». Au vu des charges inconsistantes qui pèsent sur lui, dont on connaît la teneur grâce à quelques journalistes combatifs, on est tenté de le croire. Ce procès en terrorisme doit avoir lieu au plus vite et au grand jour ou il faut libérer Coupat immédiatement. Des neuf de Tarnac, il n’en reste qu’un entre quatre murs, détenu préventivement. En prévention de quoi ? De l’insurrection qui vient (1) ?
Victor Léo
Notes- Ecrit par un « Comité invisible » et attribué à Julien Coupat, ce livre des éditions La Fabrique se vend — et se lit ? — beaucoup. Il dresse un portrait radical de l’état du monde et un plan pour l’abattre : la révolte des communes façon 1871.[↩]