Edito 252 – Penser le ballon rond des deux rives
Une question essentielle a été sortie du terrain par un philosophe contemporain incompris, Eric Cantona : Raymond Domenech est-il l’entraîneur de l’équipe de France le plus nul depuis Louis XVI ? La main de la grenouille Titi a mis dans l’ombre ce questionnement franco-français qui devrait durer jusqu’à l’été. L’autre question occultée en découle : faut-il guillotiner le sélectionneur, qui ne veut pas fuir à Varennes comme tout dictateur qui se respecte lorsqu’il n’a plus le soutien populaire ? Enfin, faudra-t-il une révolution sur notre sol pour voir l’équipe de France ramener la première coupe du monde disputée sur celui du continent africain ? Canto a son idée, Mitsouko la sienne : Rita Ringer « kiffe » Raymond pour faire la nique à ses détracteurs. Chacun se range derrière telle ou telle chapelle et Domenech affiche ses soutiens. Notre cher dirigeant, le premier d’entre eux, lui a donné rendez-vous à en Afrique du Sud, manœuvre hardie pour lui en période de sondages maigres. Le sujet est clivant, comme disent les communicants. Il transcende les partis, les courants et les artistes. Cette question ne sera pas malheureusement pas évoquée pendant les Rencontres d’Averroès dont les tables rondes sont programmées les 27 et 28 novembre à l’Espace Culture à Marseille. On en trouvera bien une pour permettre à d’éminents penseurs d’échanger les points de vue sur le sujet ! « Penser la Méditerranée des deux rives » n’était imaginable que si l’Algérie se qualifiait elle aussi pour le mondial ! Ne me faites pas dire ce que je n’écris pas : le football est digne de figurer parmi les débats de société les plus sérieux. Peut-être sous l’angle de cet aphorisme, lu sur les murs de la ville : « L’OM, opium de Marseille ». Peut-être aussi en écoutant Cantona nous dire sa rage de voir sa joie simple se changer en amertume crasse à la vue de deux sourcils noirs proéminents ou d’une main malhonnête. Le ballon reste entre deux.
Victor Léo