Little brother is watching you
« Article 17 A : Sous réserve des dispositions de la présente loi, dans tous les textes législatifs et réglementaires, le mot : “vidéosurveillance” est remplacé par le mot : “vidéoprotection”. »
Bienvenue dans le monde merveilleux de Loppsi ! Où liberté rime avec sécurité. Où protection se résume à piège à con. Voici la dix-septième loi consécutive depuis 2002 sur le sujet, dite d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure. Des dispositions « fourre-nous », du filtrage des sites Internet à l’élargissement des fichiers policiers, le couvre-feu pour les moins de treize ans et, dernière mais pas des moindres, les mouchards sur les ordinateurs. Les délinquants n’ont qu’à bien se tenir, les citoyens n’auront qu’à serrer les fesses. L’inventaire des mesures n’est pas des plus rassurants. Le ministre de l’intérieur devenu président aime trop les joujoux de surveillance du net et de l’espace public. Vidéosurveillons, Internet-écoutons, il en ressortira bien quelque chose. Surveiller et punir : tel est le credo de notre cher dirigeant. Mais qui au fait ? Le pays est-il en proie à une vague d’actions criminelles ? Les neuf de Tarnac prévoient-ils une cyberattaque imminente sur le blog de Frédéric Lefebvre ? La réponse est nulle part, puisque les terroristes sont partout.
A la veille des élections régionales, un petit tour sécuritaire après le coup identitaire ne mange pas de pain. Même si les problèmes sont ailleurs. Servir ses électeurs avides d’arrestations ne fait pas une politique. Une campagne tout au plus. Au final, nous voyons malgré nous enfler un arsenal répressif digne d’Orwell qui vise l’ensemble de la population. Une société pacifiée peut-elle accepter une telle mise sous surveillance ? Benjamin Franklin, fidèle penseur des Lumières outre-Atlantique, écrivit que ceux qui sont prêts à abandonner une liberté fondamentale pour obtenir temporairement un peu de sécurité ne méritent ni la liberté ni la sécurité. En suivant ce chemin miné, nous n’aurons ni l’une ni l’autre.
Victor Léo