Image et information sont désormais toujours mêlées. Il devient essentiel de pouvoir et savoir démêler le vrai du faux lorsque l’une est mise en avant au détriment de l’autre. C’est en apprenant que l’armée israélienne avait assailli une flottille de bateaux chargés d’aide humanitaire dans les eaux internationales de la Méditerranée que la question s’est tout de suite posée. Face à un acte odieux qualifié par le Premier ministre turc de « terrorisme d’Etat », les amis d’Israël ont immédiatement pensé à l’impact sur son image. Bernard-Henri Lévy déclarait la veille de l’assaut : « Je n’ai jamais vu une armée aussi démocratique, qui se pose tellement de questions morales. » Le lendemain, extralucide, il qualifie l’attaque de « stupide » car risquant de ternir l’image d’Israël. L’information est pourtant terrible : des forces spéciales ont délibérément arraisonné un bateau dans les eaux internationales (la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer assimile cet acte à de la piraterie) et tué une dizaine de passagers parmi tous ces partisans d’une action humanitaire, des militants pacifistes, des journalistes, des hommes politiques, un écrivain et même un survivant de l’holocauste. Leur but était affiché depuis des mois : mettre fin au blocus de Gaza. Cette minuscule bande de terre avec vue sur Mare Nostrum se voit coupée du monde depuis 2006 et l’élection ayant porté au pouvoir le parti Hamas, causant ainsi à la population gazaouie une souffrance injustifiable. Suite à l’assaut, les cinq cents passagers de la flottille ont tous été arrêtés par l’armée et retenus en prison. L’information est ainsi verrouillée en occultant la parole de l’autre et le champ est occupé par les spécialistes de l’image. Les « spin doctors » sont à l’œuvre afin de manipuler et retransmettre l’information devenue propagande. Les médias américains ont ainsi traité l’assaut israélien en fin de journal alors qu’elle fait la une du monde entier. Est-ce une preuve de l’efficacité des communicants ? Aux infos la guerre des images. Aux hommes la guerre, la vraie.
Victor Léo