« – Allô Nicolas, c’est Guillaume. (sur un ton amusé) Salut, Monsieur le président.
– Salut, Monsieur le délégué général.
– Nicolas, tu connais Sevriena ?
– Sûr, c’est la femme de Karembeu.
– Arrête de déconner frérot, je t’en ai déjà parlé cent fois. C’est le fonds de pension que ma boîte, Malakoff Médéric, a créé avec une filiale de la Caisse des dépôts et consignations, le financier de l’Etat, pour refiler de la retraite complémentaire aux Français après la réforme.
– Oui, et alors ?
– Et ben, ça s’est vu. Que d’un côté, tu « réformes » les retraites par répartition et que de l’autre, je vais vendre de la retraite privée par capitalisation avec la Caisse des dépôts, qui gère le fonds public de financement des retraites. Médiapart a levé le lièvre.
– Pauv’con, ce Plenel ! Y a trop de vieux et pas assez de gens qui bossent pour les faire bouffer, c’est comme ça !
– Arrête ton char, Nico, pas à moi. Des économistes ont montré que s’il doit y avoir plus de vieux à assumer en 2050, il y aura aussi moins de jeunes, et que les jeunes, ça coûte aussi cher que les mamies (1). La loi permet d’asseoir la retraite par capitalisation et d’en finir avec la retraite publique par répartition. La peur de la faillite du système leur fait avaler la couleuvre, c’est tout. Fais passer la loi en force s’il le faut, petit frère. J’ai des actionnaires à nourrir, moi. Parce que si tu ne rempiles pas pour un deuxième mandat, on perd des milliards ! »
Dialogue (presque) imaginaire entre deux frères dans les hautes sphères du pouvoir — l’arrogance et l’impunité affichées sont tout ce qu’il y a de plus vrai. La folie des grandeurs, sans doute.
« Et Adriana, tu la connais ? »
Victor Léo
Notes