La guerre est déclarée
Septembre 2001 – septembre 2011. Dix années ont suffi à bouleverser nos habitudes. La lecture des événements est désormais influencée. Le paysage a changé et encore pour longtemps. Le 19 septembre 2001, Ventilo publiait le n°0 de son aventure éditoriale sur les cendres chaudes du mémorable Taktik. Une décennie de journalisme indépendant vous a nourris de lectures culturelles. Jamais rassasiés, nous avons encore et toujours beaucoup de défis devant nous. Et l’actualité ne manque pas de nous laisser en éveil. Les lieux de culture sont menacés par ceux qui confondent art et bruit. La police déloge les lieux festifs et fait revivre un couvre-feu inepte. Marseille Provence 2013 n’a manifestement pas encore convaincu. Les relents nauséabonds de l’affaire des décharges empoisonnent l’air de la Ville et les centrales nucléaires du coin s’avèrent friables. Le ministère de l’intérieur concurrence son prédécesseur sur le terrain odieux de la xénophobie et prend Marseille à partie en stigmatisant à nouveau une de ses communautés. Notre cité est devenue en quelques semaines l’épicentre à la fois du phénomène sécuritaire et de la crise sociale. Le G7 de la finance a pris ses quartiers au Pharo, illustrant cyniquement la prétention des argentiers de se soucier des plus pauvres, les Marseillais en tête. La spéculation n’en peut plus d’essorer les populations, elle s’en prend ouvertement aux Etats eux-mêmes. Les armes de destruction massives des emplois et des salaires sont sorties, la guerre est déclarée. Dans un autre temps, il n’en fallait pas beaucoup plus pour envoyer les divisions et les canons déboulonner l’assaillant ! Envoyons les avions bombarder la City et Standard & Poor’s, qu’on en finisse ! Et puis ça nous fera des vacances, ça faisait longtemps.
Victor Léo