Un futur pas très Net ?
Le train est parti. Il est bondé. MP 2013 et sa mobilisation populaire réjouissante ? Non, MegaUpload version 2013 lancé par Kim « Dotcom » Schmitz ce 19 janvier. Affluence record pour (r)ouvrir son compte permettant de mettre en ligne gratuitement 50 Go de données et télécharger films et autres musiques pour pas plus cher. Un véritable pied de nez du fantasque inventeur aux polices traquant le piratage. Une bonne nouvelle pour la masse des utilisateurs de ce service qui échangent sans compter des œuvres culturelles pour la majorité.
Cette volonté farouche et risquée met en lumière une nouvelle réalité. Un nouveau rapport de force s’est instauré entre internautes et autorités publiques, et le pari de Dotcom est que les premiers l’emporteront. Sur la toile, les cartes sont rebattues. Les pratiques imposent les règles. Grâce aux principes fondateurs du Web : liberté, égalité, neutralité. Ce dernier pilier menace pourtant de s’écrouler. Ne pas discriminer les flux de données qui circulent entre émetteur et destinataire est fondamental. La commission européenne, par la voix de sa commissaire chargée de la société numérique Neelie Kroes, plaide en faveur d’un accès différencié au réseau, au gré du prix de l’abonnement et des ressources de l’abonné. Le pauvre devant se contenter de recevoir des spams pour les cigarettes électroniques et de lire les infos de Hotmail. Le côté anarchiste de l’Internet résulte d’un refus délibéré des fondateurs de transposer dans le virtuel le monde réel et ses rapports de domination. Les grands opérateurs télécoms tentent aujourd’hui de reprendre la main à travers un lobby efficace auprès des autorités gouvernementales. Les peuples, par la voie de leurs parlements nationaux et européens, les associations telles la Quadrature du Net et les individus, tous connectés et à égalité, usent de leur droit de cité pour repousser cette offensive. L’issue n’est pas écrite, elle est virtuelle et pourtant essentielle.
Victor Léo