Serge Gainsbourg provoquait avec délice, dans son Requiem, ce scélérat mort pour l’avoir été, ce pauvre con. On en a maudit quelques uns. Et voilà que les autres visages de cet illustre personnage se bousculent depuis un mois devant nos yeux pour nous expliquer combien ils sont, eux, le con qui a raison. Ecce homo. Il est encore trop tôt pour imaginer le chemin à parcourir et d’autant moins le virage à prendre. Guerre des civilisations ou réveil des peuples. Course aux armements ou lutte contre les inégalités. Réformes structurelles ou répartition des richesses. Répression ou éducation. Le capitalisme du désastre a un boulevard devant lui pour gagner la course. Choqués, la garde baissée, nous pouvons laisser passer les coups. Laisser voir à nouveau dans l’immigré ou ses enfants la menace. Laisser croire malgré l’évidence que le pauvre est responsable de son exclusion. Qu’il pourrait disparaître sous une étiquette, du chômeur, du mal logé ou du sans domicile, et ainsi traité par le ministère de la ville ou par les expertes statistiques du « marché » du travail. Les Grecs et les Espagnols sont longtemps restés la tête sous l’eau. Leurs forces rassemblées, ils semblent respirer à nouveau et rêvent de politique, d’évolutions communes. Leurs combats peuvent inspirer l’Europe entière. Aux drapeaux bien levés, Gainsbourg réveillait la langoureuse Marseillaise au son du reggae. Oh ! Tu danses ou je t’explose ?
Victor Léo