Pourquoi nous irons voter dimanche, acte 2
Depuis quelques jours, nous pensons beaucoup à cette annus horribilis que l’on vient de vivre, balançant, dans un cynisme ambiant, d’un extrémisme (salafiste) à l’autre (bas-du-frontiste). Et puis on a pu entendre et lire pas mal de choses ici et là. « Ils veulent le FN, qu’ils l’aient et voient ce que c’est, ça leur apprendra » ou « On a la classe politique qu’on mérite ». Eh bien désolés, mais nous, nous ne voulons pas ça, nous ne méritons pas ça. Et encore, s’il ne s’agissait que de nous, petits blancs hétéro vivant pour certains d’entre-nous dans les « beaux quartiers » du 7e (où, soit dit en passant, les électeurs votent FN en masse mais certainement pas parce qu’ils sont désespérés ; ces gens-là se torchent le cul avec de la soie…).
On est pourris gâtés et on campe sur nos certitudes d’anarchistes 2.0 qui refusent de participer à la « mascarade électorale ». Mais pour les autres, ceux qui n’ont pas la « bonne » couleur de peau, la « bonne » religion (ou pas de religion d’ailleurs, vu que selon la petite peste blonde brune, la religion catholique est supérieure à la République), la « bonne » sexualité (suppression annoncée des subventions aux associations LGBT, refus du mariage pour tous…), le « bon » sexe (adieu le planning familial, « L’Etat n’a pas à payer pour la négligence des femmes »…), le goût « universel » en matière d’art ou d’égards pour la seule « histoire pétrifiée », les « bonnes » façons de penser (suppression des subventions à la Ligue des Droits de l’Homme et aux « associations politisées », menaces envers la presse…)…
Pour eux, et pour les enfants, qui n’auront connu que le FN et trouveront ça normal…
Pour eux, pour nous donc, l’avenir s’annonce plus sombre encore. Les habitants de Fréjus qui ont eu le malheur de ne pas voter FN s’en aperçoivent tous les jours. Ceux des 13e et 14e arrondissements de Marseille, aussi.
Certains pensent que voter Estrosi, ça revient au même — certes, le personnage ne vaut pas beaucoup mieux que son adversaire… Voire que ce sera pire, car si la petite dernière du clan Le Pen sera « surveillée » par sa tante au risque de la griller pour les présidentielles, le maire de Nice s’en donnera à cœur joie avec une politique plus que droitière.
Mais tant qu’à verser dans le cynisme le plus absolu, on peut aussi penser qu’il n’y aura qu’une petite année entre les deux élections d’une part et qu’après, ce sera opération portes ouvertes ! Ou que vu ses scores dans les villes qu’il administre, le parti frontiste ne va pas se priver de continuer à attiser la haine et mener des politiques violentes avec l’assentiment de la population — du moins celle qui vote pour lui et lui suffit à remporter les élections.
Et puis, toujours quitte à être cynique, on peut aussi penser que le « motodidacte » est juste carriériste (à l’instar d’un grande partie des autres politiques) et qu’il n’a donc pas vraiment d’intérêt à changer trop de choses par rapport à son prédécesseur (resté en poste pendant des lustres).
Alors nous aussi, nous nous sentons floués par une classe politique qui ne pense qu’à sa gueule et asservit les populations pour le profit des quatre pelés et deux tondus qui tiennent les cordons de la bourse.
Nous aussi, quitte à perdre la région, nous aurions préféré que Christophe Castaner se maintienne comme son homologue d’Alsace Lorraine, parce que nous aussi, nous détestons l’idée d’un hémicycle entier oscillant entre le bleu foncé et le bleu marine.
Bref (si on peut dire), dimanche prochain, nous utiliserons le bulletin de vote Les Républicains, et nous n’en revenons pas nous-mêmes. Mais nous sommes terrifiés par le FN.
Nous en voulons à cette classe politique qui n’a de « classe » que le nom et ne regarde que vers sa droite.
Nous en voulons à la majorité des médias audiovisuels, ces passe-plat incapables de faire leur boulot correctement alors que démonter les arguments ineptes de leurs interlocuteurs via le fact checking, ce n’est pas si compliqué.
Nous en voulons aussi aux électeurs du FN. Car il y a d’autres manières de manifester son mécontentement, d’autres partis qui ne cautionnent pas la politique gouvernementale (celle d’aujourd’hui et celle d’hier), mais qui ne sont ni xénophobes, ni homophobes, ni misogynes. D’autres partis qui ne sont pas tenus par une famille d’usurpateurs, de richissimes chantres du népotisme et proches de l’internationale néo nazie.
Nous ne crachons pas sur les abstentionnistes, nous avons juste de plus en plus de mal à les comprendre. Alors nous aimerions bien qu’on ne nous crache pas dessus non plus, parce que d’après ce qu’on a pu entendre et lire, ceux qui appellent au vote n’ont pas le monopole de la condescendance.
La rédaction