La loi du marché sur la tête
« Plus de libertés, plus de protections, pour plus d’emplois. » La novlangue n’a jamais été aussi bien parlée que par le Premier ministre français défendant sa « réforme » du Code du travail. En l’inscrivant à l’ordre du jour après des années de pression patronale sur la sémantique de l’épaisseur du Code du travail (vous avez déjà vu un code de commerce ?), sur les « rigidités » du marché du travail en France, sur les promesses sans rire de création d’un million d’emplois, ils ont vaincu. Le licenciement est facile, vive l’emploi ! Et Manuel Valls de reprendre en cœur à longueur d’ondes les arguments de ses supposés adversaires conservateurs : licenciement économique « nécessaire à la sauvegarde de la compétitivité », primauté des « accords » d’entreprise sur la loi, augmentation du temps de travail avec réduction du salaire des heures supplémentaires, limitation des indemnités accordées par le juge en cas de licenciement abusif. Et tout ça pour « donner la possibilité d’entrer sur le marché du travail », dixit Valls. Merci Patron ! L’impulsion vient aussi d’ailleurs. La Commission européenne a enjoint à la France de réformer le droit du travail pour « donner plus de latitudes aux entreprises pour adapter les salaires et le temps de travail à leur situation économique. » C’est beau comme du Macron. 350 000 signataires d’une pétition contre cette loi semblent former une opposition réelle au projet. Autant dans la rue promettrait une belle bataille avec le gouvernement. Pendant ce temps, la France est le plus gros payeur de dividendes en Europe avec 39 milliards d’euros versés en 2015. Et une main invisible du marché dans la gueule, une !
Victor Léo