À bout de souffle, un gouvernement renaît par le remaniement. De nouvelles têtes symboliseraient une nouvelle politique. À tort ou à dessein. L’entrée en matière du plus jeune Premier ministre de la Ve République est un message en soi. Une cure de jouvence pour de vieilles méthodes. La première sortie à ses côtés de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports, des Jeux Olympiques et Paralympiques (encore ?) mérite la médaille en chocolat de la communication politique. Éclatante de franchise quelque part, quand elle livre sa vision faussée de l’école publique des « paquets d’heures non remplacées ». Collègue de promotion de l’ENA avec Macron, passée chez Axa ou Carrefour, Présidente de la Fédération française de Tennis à 500 000 euros par mois, elle trouve le moyen de s’en plaindre devant l’Assemblée nationale avant de rejoindre le ministère des Sports. Nièce des journalistes politiques Alain et Patrice Duhamel et Nathalie Saint-Cricq, elle est la cousine du fils de ces derniers, Benjamin Duhamel, qui officie chaque jour sur BFMTV. Son mari est un proche de Sarkozy, à la tête de la Société Générale pendant quinze ans avant de devenir le dirigeant de Sanofi. Le parcours, le quotidien, la pensée, exprimée ces jours-ci, exhalent le séparatisme des riches, scolaire, social et géographique. La ministre incarne aujourd’hui la jonction des intérêts économiques et politiques des classes dominantes françaises, renvoyant au passage une bonne dose de mépris à la face de tous. De la culture confiée à Rachida Dati, pour anticiper sa candidature à la mairie de Paris, ou à tous les soutiens de Sarkozy recyclés dans une alliance du « centre » et de la droite, tout ce ramdam ne semble faire que prévoir le troisième tour, celui de l’après-Macron. Les trois ans qui viennent nourriront chaque jour un peu plus l’hypothèse du renversement par les urnes de l’extrême droite ou de ses tenants, qui ne semble pas effrayer ceux qui préfèrent qu’on protège le butin. L’adversaire progressiste était rassemblé derrière un acronyme imprononçable. Saura-t-il se retrouver dans un futur désirable ?
Victor Léo