Edito n°201

Edito n°201

Pris discrètement en filature par l’équipe du magazine Auto plus, les membres du gouvernement et le Président affichaient un bilan lamentable, en bafouant non seulement la sécurité routière…

Attentat à la Grenelle

Pris discrètement en filature par l’équipe du magazine Auto plus, les membres du gouvernement et le Président affichaient un bilan lamentable, en bafouant non seulement la sécurité routière (« Fillon vite », dirait notre Premier ministre pilote de voitures de course), mais aussi et surtout l’écologie. Quand ces messieurs-dames ne se déplacent pas en jet ou en hélico (il faut dire qu’aller enterrer le cardinal Lustiger, ça urge), le moindre secrétaire d’Etat est accompagné d’une escorte rutilante…
Au-delà de l’anecdote, la préparation du Grenelle de l’environnement par nos dirigeants a de quoi inquiéter. Sous une appellation rappelant la concorde nationale suite à la mobilisation sociale de 68, le gouvernement a beau recycler le vocabulaire, on peut légitimement douter du poids réel de sa volonté dans la balance écologique. Faire face aux multinationales françaises de l’énergie polluante et de l’agriculture intensivement pesticide relève d’une audace politique que notre cher dirigeant n’aura pas. Et pour cause. Ces entreprises juteuses sont les moteurs de la croissance éternelle.
Alors faire baisser de dix kilomètres par heure la vitesse sur les routes ou annoncer un moratoire incertain sur les cultures OGM (au sujet duquel la décision appartient, en dernier lieu, aux institutions européennes et pas au gouvernement français) ne fera pas illusion bien longtemps. Jusqu’aux élections municipales de 2008 peut-être ? Gagner les élections, c’est quand même plus important que de savoir si des Mexicains vont mourir de faim à force de voir le prix du maïs grimper à cause du nouveau débouché du « bio » carburant. Permettre à la famille Bouygues de prendre le contrôle de la société Areva lors de la privatisation programmée du n°1 mondial de l’énergie nucléaire, c’est plus amical que de dépolluer l’île de la Martinique et l’eau de la Bretagne de toutes les substances chimiques qui ruinent lentement mais sûrement la santé de nos concitoyens. Promettre un « new deal économique et écologique » à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, c’est plus facile que de mettre en place un maillage hexagonal de productions locales d’énergie propre. Les ONG impliquées dans l’avenir de notre environnement ne s’y trompent pas. Celles qui ne participent pas au barouf gouvernemental proposent des solutions alternatives et efficaces et établissent les véritables bilans écologiques de nos choix économiques sans s’arrêter devant les dogmes du libre-échange et de la libre entreprise[1]. Elles prônent la désobéissance civique quand notre nos droits à la santé ou et à un environnement sain sont enfumés. L’idéologie libérale contrarie ces objectifs salutaires, elle ne peut les accompagner honnêtement. Ecologiquement parlant, changer demande un effort, faire la révolution commande de se lever et de se retourner pour avancer.

Pascal Luongo

Notes

[1] A noter : un « alter-Grenelle » est organisé ce samedi dès 14h au CRDP. Il sera précédé mercredi soir par un débat à l’Equitable Café