El Cid ! par l’Agence de Voyages imaginaires
D’estoc et de taille
Tout en respectant l’œuvre de Corneille, surprenante d’actualité, l’Agence de Voyages imaginaires livre une version du Cid pleine d’ardeur et de poésie. Et en alexandrins s’il vous plait.
Comme à chacune de ses créations, la compagnie est partie s’immerger à l’étranger. Mais pas de façon imaginaire… Et quoi de plus naturel que de traverser l’Espagne puis le Maroc pour revisiter Le Cid ? De références à la culture hispanique, il n’en manque d’ailleurs pas dans cette version épique et très contemporaine de la tragi-comédie de Corneille : décor circulaire parsemé d’objets curieux (une vieille auto-tamponneuse, une mini caravane, une chaise asymétrique, un château-piano…), costumes rivalisant de couleurs acidulées (carreaux, rayures, dentelles, postiches…). Dans une intrigue resserrée en vingt-quatre heures et sur fond de musiques arabo-andalouses, on passe de glaçants combats à l’épée aux étreintes passionnelles, des ombres chinoises à la boule à facette, de l’amour à la haine, de la bravoure à la vilenie. Le narrateur, Alonzo, fait aussi office de commentateur, dissertant du bien-fondé et des conséquences des actes de chaque personnage. La pièce prend alors des atours philosophiques, les thèmes traités résonnant encore dans la société actuelle : justice, vengeance, honneur, amour, filiation…
Le Royaume de Castille sortira-t-il grandi de tout ce sang versé ? En passant du blanc du mariage au noir du deuil, Chimène saura-t-elle écouter son cœur ou sa raison ?
Pascale Arnichand
El Cid ! :
– Le 4/10 au Cadran (Ensuès la Redonne). Rens. : 04 42 44 88 88
– Le 7/10 à l’Alpilium (Saint-Rémy-de-Provence). Rens. : 04 90 92 70 37
– Le 10/10 à l’Opéra Grand Avignon (1 rue Racine, Avignon).
Rens. : 04 90 14 26 00 / operagrandavignon.fr
L’Interview
Philippe Car (L’Agence de Voyages Imaginaires)
Rencontre avec le metteur en scène pour un premier bilan de ce périple artistique hors norme.
Nous nous sommes rencontrés en mai 2012, avant votre départ pour créer en itinérance El Cid !, entre Espagne et Maroc. Cette expérience a-t-elle été conforme à vos attentes ou, au contraire, a-t-elle vraiment réservé son lot de surprises ?
Avec le recul, je dirais que l’on trouve toujours ce que l’on ne cherche pas. D’abord, nous avons travaillé plus que prévu. Ce qui explique pourquoi, à notre retour, la création était bien avancée. Le travail se faisait à ciel ouvert, sous les yeux des gens et des comédiens de passage, et nous nous attendions à être fortement déconcentrés. Mais cette présence nous a finalement obligés à rester vigilants en permanence, à ne pas faire semblant. Je crois aussi que cela a permis à ces spectateurs de réaliser pleinement l’ampleur de la préparation d’une œuvre théâtrale, son processus de recherche. Les coulisses de la création en somme. Par contre, certains comédiens étrangers, côtoyés sur place, s’étonnaient de la possibilité de financer une telle aventure. Nous avons alors pris toute la mesure de la chance que nous avions.
En quoi la présence du public a-t-elle influencé la version finale ?
Je ne peux pas dire que le processus de création ait été influencé par ce qui se passait à l’extérieur. Ce sont plutôt les retours fréquents du public et les échanges avec les comédiens espagnols et les musiciens marocains qui ont en partie inspiré le spectacle.
Quels sont vos projets ?
Après deux créations consécutives (Antigone et El Cid !), nous voudrions nous poser un peu et, surtout, développer la Pôle Nord, notre nouvelle « maison » multi-facettes. Nous souhaiterions passer moins de temps dans les tournées et plus dans ce nouvel espace. Le Père Noël habite au Pôle Nord. C’est une fabrique de rêve qui sera ouverte à tous les publics, des scolaires aux artistes, en passant par les citoyens. S’y succèderont des ateliers, des stages et des échanges avec d’autres compagnies, avec lesquelles nous souhaiterions troquer des services.
Propos recueillis par Guillaume Arias
Pour en savoir plus sur la compagnie : www.voyagesimaginaires.fr