Notre calendrier électoral relègue inévitablement les questions européennes au second plan ou, c’est selon, ouvre le bal à une lapidation du pouvoir en place. La campagne 2014 ne déroge pas à la règle. A une exception. La gauche unitaire européenne, les Verts et des activistes mobilisés ont mis sur le devant de la scène l’Accord de partenariat transatlantique (TAFTA en anglais). Le sujet des négociations et leur étendue restent secrets des citoyens et de nos élus au Parlement européen. L’accord doit pourtant englober des pans entiers du secteur non-marchand : protection de la vie privée et liberté d’internet, culture, assurance-maladie, sécurité alimentaire ou énergie. Pis, l’accord confierait à un tribunal arbitral la possibilité d’être saisi par une multinationale afin d’attaquer un Etat pour avoir porté atteinte à ses prévisions de règlementation. La France interdit un maïs OGM ? Elle pourrait — nous pourrions — être poursuivie et condamnée à verser des dommages et intérêts à Monsanto. Ce mécanisme est déjà en passe d’être adopté par l’UE dans un accord de libre échange avec le Canada. Cette révélation a contraint les candidats à prendre position sur l’accord à venir, véritable cheval de Troie pour défaire nos protections sociales sur l’autel de la croissance. Cette pratique révèle un des vices de la construction européenne, trivialement économique. Les hommes d’affaires ne font pas de sentiment. L’argent n’a pas d’odeur. L’Europe, si.
Victor Léo