Embrasez qui vous voudrez

Embrasez qui vous voudrez

« Y a les mecs qui parlent, y a les mecs qui font »

 

À croire qu’il n’y a que les rageux, les ronchons et les conservateurs pour s’exprimer sur les réseaux sociaux, quand on voit le lynchage qu’a subi Jul après avoir enflammé le chaudron pour le lancement officiel des Jeux Olympiques. Est-ce bien mérité ?

La foule était en liesse ce 8 mai dernier à l’arrivée du chanteur natif de la cité phocéenne, qui incarne un symbole fort pour les jeunes. Les valeurs d’inclusion, de diversité, de respect et la dimension populaire des JO semblent tout à fait coller avec le choix de Jul.

 

« Je viens te parler pour toi, toi, t’es là, tu me parles de l’autre »

 

La déception résiderait dans l’absence de Zizou. « C’est une histoire de multiples ratés avec Zinédine Zidane. Il n’a pas joué chez nous, il n’a pas entraîné chez nous. Il vient de chez nous, on l’aime, mais il n’est pas là », regrette le président macroniste de la Région.

Jul, lui, est là, quand bien même tout ce que ça lui coûte, comme il le raconte dans sa chanson La Faille, dont il a entonné un extrait ce 8 mai :

« J’peux même plus faire les boutiques, faut qu’j’m’en aille sous les tropiques (…)

Et quand je me déplace, il m’faut la sécu’ comme si j’étais l’maire (…) »

 

Adulé à Marseille et au-delà, remplissant les stades en une fraction de secondes, inscrivant son label (indépendant) D’or et de Platine sur le maillot de l’OM, et produisant un nombre record d’albums…

La fête semble ainsi bien loin d’être gâchée quand on voit la ferveur des presque deux cent mille personnes venues sur le Vieux-Port.

 

On peut lire dans les commentaires d’une photo sur Instagram où Zidane joue au padel à Miami : « Très étonnant de ne pas vous voir en France, à Marseille pour cette arrivée de la flamme Olympique. J’espère que vous serez au moins présent à l’ouverture des JO en tant que champion du monde de l’équipe de France. Vous êtes un représentant de la France… »

 

Ne devrait-on pas déplorer la culture d’Internet et particulièrement des social media d’exprimer à chaud son mécontentement et insulter à tout-va ? Jul est ouvertement qualifié de « débile » par les mauvaises langues. Clash des générations ou mépris de classe ? Si on entend la crainte que la « nouvelle culture » soit celle des quartiers, alors que la nouvelle idole des jeunes a tué le game du rap.

 

« Le succès m’a emprisonné, un faux pas, j’finis sur l’journal. »

 

Et à bien y penser, la « honte » de la France ne résiderait-elle pas plutôt à l’endroit d’un cortège néo-nazi autorisé à défiler dans les rues de Paris le week-end suivant ?

 

La rédaction