En-attendant-Godot

En attendant Godot par le Théâtre NoNo

Et maintenant… on fait quoi ?

 

On attend Godot ! Mais non, pas Gaudin… quoique, au théâtre de l’absurde, tout soit possible. NoNo, diront certains… Justement si, la joyeuse troupe de la Pointe Rouge s’attaque à la célèbre pièce de Samuel Beckett avec une réussite certaine.

 

La simplicité de son écriture fait de En attendant Godot l’une des œuvres les plus lues dans sa version originale par les amoureux de la langue de Shakespeare, du moins par les étudiants qui se lancent dans son apprentissage. Que dire du décor ? Un arbre et une pierre… Tout aussi simple que l’esprit des personnages de ce monument théâtral, dont le paradoxe poétique se trouve dans la profondeur cachée derrière cette apparente simplicité. La pièce de Beckett est un millefeuille de thèmes sur la condition humaine, toujours effleurés, jamais abordés : amour, dépendance, pouvoir, foi, compassion, folie, vieillesse… toutes ces choses qui nous effraient autant qu’elles nous permettent de nous savoir en vie. Ces deux branleurs, qui attendent on ne sait qui ni pourquoi, nous amènent à nous interroger sur nos peurs, tandis que leur unique préoccupation est de se demander ce qu’ils vont faire pendant ce temps-là. Au fond, c’est la peur du vide qui nous relie à ces personnages absurdes. Le texte, d’une incroyable finesse, est truffé de perles, de petites phrases drôles, cyniques, délicieuses. Là aussi, ne nous y trompons pas : ce n’est pas chose simple que de jouer cette pièce à la fois burlesque et sombre. La mise en scène et le jeu d’acteurs doivent être à la hauteur, et en attaquant cette montagne, les NoNo savaient qu’il n’avaient aucun droit à l’erreur. Fort heureusement, en osant donner aux personnages une dimension clownesque, les circassiens ne s’y sont pas trompés. Ils subliment un texte qu’ils se sont approprié avec beaucoup de justesse, nous plongeant dans un univers qui rappelle vaguement celui d’Orange Mécanique. De fait, si Vladimir et Estragon, les principaux protagonistes de la pièce, n’ont jamais vu venir Godot, les NoNo, eux, l’ont bel et bien rencontré.

Laurent Jaïs

 

En attendant Godot par le Théâtre NoNo : jusqu’au 23/11 au Théâtre NoNo (Campagne Pastré, 35 Traverse de Carthage, 8e).
Rens. 04 91 75 64 59 / www.theatre-nono.com/ www.mp2013.fr