Ainsi donc, le salaire du Président va augmenter de 140 % dès cette année, pour passer de 8 500 à 20 000 euros par mois. Autant que le Premier ministre, d’accord, mais comparez avec votre rémunération… D’autant que les augmentations attribuées aux salariés au bout de cinq mois d’exercice ne sont pas légion… Ceci dit, notre cher — c’est le cas de le dire — dirigeant entend bien tenir ses promesses pré-électorales d’une baisse conséquente du train de vie de l’Etat, en ne remplaçant pas un fonctionnaire sur deux qui part en retraite — y compris au sein de l’Education nationale, ce « sumo »[1], comme le qualifiait récemment Xavier Darcos, qui ne fait pas de mystère sur ses intentions de dégraisser en masse. Deux poids, deux mesures ? Nicolas Sarkozy semble cultiver le paradoxe, cette décision intervenant alors que les députés du Nouveau Centre proposent le vote d’une loi « en urgence » (largement approuvée par la majorité présidentielle) sur le financement public des partis politiques et que la réforme institutionnelle est sur toutes les lèvres. Autrement dit, tandis que d’un côté, on donne des signes importants d’un changement institutionnel vers une République plus parlementaire, d’un autre côté, le chef de l’Etat se comporte comme s’il était Napoléon (en même temps, il en a la taille…[2]). Signe du régime présidentialiste à l’extrême, le Palais augmente son budget, moins pour suivre la trace gargantuesque des Chirac que pour rendre pérenne l’idée que le Président n’a pas besoin d’une administration de ministres pour régner. Il lui suffit d’être au centre de tous les projets et des décisions dans une cellule de guerre permanente, sans s’appuyer sur la compétence de fonctionnaires un peu trop intéressés par la satisfaction de l’intérêt général. Ceux-là même qui sauraient renégocier dans cet objectif les contrats de distribution et d’assainissement de l’eau, passés avec de grands groupes privés chargés d’assurer ce service public et facturés à un prix souvent abusif. L’association UFC-Que Choisir pointe en effet du doigt cette semaine la facture imposée aux Français. Elle affirme ainsi que Veolia et Suez / la Lyonnaise des Eaux (qui se partagent déjà la majeure partie du marché hexagonal) facturent — via la SEM (Société des Eaux de Marseille) — l’eau aux Marseillais plus de deux fois plus cher que ce qu’elle ne coûte. Ces accords s’étalant sur une longue durée, l’UFC invite les maires à les renégocier à la baisse en s’appuyant sur le coût du mode de gestion direct de ce service par les soins de la municipalité. Ce que fait le maire de Grenoble par exemple, dont l’eau est l’une des moins chères de France. Hélas, rares sont ses confrères à se rappeler comme lui la définition du service public. Si la qualité de l’eau du robinet à Marseille fait la fierté de la municipalité[3], son prix empêche ses habitants de rester à flot.
Texte : CC/PL Illustration : dB
Notes
[1] Le ministre de l’Education nationale tenterait-il d’obtenir le prix de l’humour politique en faisant référence au sport préféré du Chi ?
[2] Aussi petite que cette blague…
[3] Elle figure régulièrement en tête des palmarès sur la qualité de l’eau du robinet.