Quand il s’agit d’évoquer les voyages immobiles du GMEM, et notamment son festival Trans’electroacoustique, notre spécialiste aime à plonger dans son karma… (lire la suite)
Quand il s’agit d’évoquer les voyages immobiles du GMEM, et notamment son festival Trans’electroacoustique, notre spécialiste aime à plonger dans son karma
Imaginez-vous, alors que la nuit tombe, allongés sur de moelleux tissus. Imaginez-vous bercés, lentement, par des sonorités mises en perspective, qui s’entrecroisent et viennent chatouiller votre sensibilité exacerbée de néo-plagiste musicophile. Vous sombrez peu à peu dans une galaxie où la perception est une apparence et vice-versa. Votre corps, ébloui par une lumière acoustique, entre dans les sphères artificielles d’une forêt profonde. Vous vagabondez par l’esprit, un esprit qui aime à se perdre sous des voûtes virtuelles, derrière des arcs de cercle, dans des passages flottants. L’amnésie qui vous guette est momentanée. Juste le temps que se forment quelques nouveaux paysages, juste le temps que naissent de nouveaux personnages et que résonnent de clairs nuages. Juste le temps d’écouter les œuvres de musiciens tels que Christian Calon, Francis Dhomont, Philippe Mion ou François Bayle. Dans ces moments superbes où s’embrasent les parallèles des allégories les plus gracieuses, dans ces réponses infinies à la vitesse de la lumière, l’auditeur, le voyageur, pour cette cinquième édition, n’aura de cesse d’en vouloir plus, toujours plus. Il marchera sur les ondes immobiles, atteindra des oasis électroniques et des fictions entêtantes. Puis, un jour, il s’éveillera. Il regardera autour de lui les autres faire de même. Saura alors que de ces concerts spatialisés, on ne ressort pas exactement identique à celui qu’on était en y venant. Quelque chose, quelque part, a changé. Une sensation neuve d’avoir touché au sublime ? D’avoir pensé à l’autre comme un espace sonore ? Une identité neuve, n’être plus qu’un point de vue à géométrie variable… Non, vraiment, quelque chose a changé.
Lionel Vicari