Episode 3 : La Maison de la Solidarité
Tous les mois, Ventilo et le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Bouches-du-Rhône (CAUE) vous présentent un lieu ou un bâtiment à voir et à découvrir sous un autre angle
Trois oxymores
C’est paraît-il entre 1894 et 1913, le premier jour d’avril, que Raphaël Van Der Valk, originaire de Flandre, entrepreneur marseillais de profession, fin érudit et réputé collectionneur d’oxymores, achève la construction de ce que l’on appellera ensuite « la bastide du Flamand ».
Il est difficile d’en définir le style architectural : la brique et le métal, les façades latérales plus hautes que la toiture, la hauteur des étages et l’absence d’ornement plaident pour l’architecture industrielle du Nord de l’Europe ; par contre, la composition symétrique, la volumétrie et le jardin d’agrément (aujourd’hui disparu) évoquent les bastides et la villégiature de la bourgeoisie marseillaise.
Toujours est-il que c’est sur cette propriété que sont construits en 1972 les 899 logements HLM de la Cité des Flamants qui entourent la bastide.
Cette dernière est réhabilitée un siècle après sa construction pour devenir la Maison de la solidarité : un lieu d’accueil et des bureaux à caractère sociaux.
L’organisation intérieure proposée par les architectes est adaptée au programme : à chaque niveau, de grands espaces de circulations permettent aux visiteurs d’embrasser du regard l’ensemble des services. Mais c’est surtout par sa présence extérieure que la Maison de la solidarité se distingue. Ici, les architectes ont su imaginer le bâtiment comme une copie originale en restituant sa place dans l’histoire de la ville. Au milieu des masses formidables qui l’entourent, ce cube d’une vingtaine de mètres d’arête et de fantaisie austère dévoile sa monumentalité discrète…
Ce qui prouve par là que l’on peut, avec trois oxymores bien placés, résoudre la difficulté d’exister d’une maison de la solidarité…
Nicolas de Barbarin / CAUE13