Après s’être installé à Marseille et y avoir fondé l’ensemble de percussions Sankaba, Seydou Dramé se lance aujourd’hui en solo. Présentations.
C’est dans un restaurant africain de la rue d’Aubagne que Seydou Dramé m’a donné rendez-vous pour parler du lancement de son album, Bemankan. Perchée sur son socle, une télé ressasse en boucle les derniers clips de « coupé décalé ». Mais ni la musique tonitruante, ni le spectacle des fesses de la danseuse qui s’agite en gros plan dans la lucarne ne parviennent à détourner l’attention d’un Seydou Dramé entièrement absorbé par l’évocation de son parcours de musicien. De ses premières années à Bouaké, en Côte d’Ivoire, Seydou garde le souvenir d’une enfance heureuse chez sa grand-mère, la griotte Aba Konaté. Sans doute influencé par cette aïeule musicienne qui enseigne à ses grandes sœurs les pas de danse traditionnelle, le jeune Seydou se découvre rapidement une passion pour les percussions, et s’exerce chaque jour dans l’arrière-cour sur des boites de conserve. Nourri de ces influences, mêlant tradition et modernité, Seydou grandit avec la musique. Quelques années plus tard, il devient vendeur dans un magasin de disques de Bouaké, et se fait connaître pour ses animations de soirées dans les milieux musicaux de la ville. Il rejoint ensuite ses frères à Ouellé, à l’Est de la ville, où il commence à jouer du djembé. Avec eux, il anime de nombreuses fêtes familiales traditionnelles, pour intégrer ensuite en 1992 l’ensemble artistique Foliba d’Adama Dramé, avec lequel il va tourner pendant six ans en Afrique et en Europe. Après Bruxelles, Paris, Johannesbourg, Bamako et Dakar, Seydou décide de voler de ses propres ailes et quitte le Foliba pour s’installer à Marseille. Là, il choisit de s’entourer de musiciens locaux formés aux bases traditionnelles mandingues pour fonder l’ensemble de percussions Sankaba. Grâce à des compositions originales et un bon jeu de scène, le groupe se fait rapidement connaître dans la région. Mais Seydou, qui ressent le besoin de déborder du cadre de la percussion, ne s’arrête pas là et livre en 2007 son premier album solo : Bemankan est un mélange de musiques latines, caribéennes, africaines et occidentales, vibrant sur une base mandingue. Seydou y place des textes sur des thèmes qui lui sont chers, la fraternité, l’amour, la douleur. En associant des instruments modernes et traditionnels, du chant déclamé à la manière des griots à des chœurs de voix européennes, Seydou gagne le pari d’un album éclectique et généreux, capable de séduire les amoureux de musique traditionnelle mandingue tout comme les aficionados de la pop. Sa sensibilité de percussionniste s’exprime dans chaque composition, qu’il s’agisse d’une ballade ou d’un morceau dansant. On peut parier que cette qualité rythmique s’exprimera tout aussi bien sur scène, lors des deux soirées exceptionnelles organisées à l’occasion du lancement du disque.
Julien Naar
En dédicace le 8 à l’Afrika Djigui Theatri (27 rue d’Anvers, 4e), 19h
En concert le 9 à Martigues (voir Dans les parages) et le 10 à Repetita (22 av. de St-Barnabé, 4e), 21h30