Et vogue le navire (Italie – 1983) de Federico Fellini (Gaumont)
Fellini tourne vers la fin de sa carrière, en 1983, l’une de ses plus belles œuvres, teintée de nostalgie, d’onirisme et d’évocations surréalistes. Et vogue le navire est le plus doux hommage que le cinéaste ait pu offrir à toutes les passions qui ont rythmé et construit sa vie : le cinéma, l’opéra, la musique, la peinture. Avec une profonde mélancolie, il interroge l’avenir du septième art, évoqué par ce navire en perdition, où se côtoient de vieilles gloires caractérielles. Devant nous, c’est un monde qui disparaît, la transition vers un avenir incertain. Fellini y insère de nombreuses références à cette usine à rêves que fut pour lui Cinecitta, premier studio d’Europe, dont il fut l’un des plus grands cinéastes. Le film frise souvent la tragi-comédie des métiers du spectacle — décors en carton-pâte, machinistes et techniciens cacochymes, théâtralité propre au cinéma muet… — à laquelle rend hommage toute la première partie du film.
EV