Retour sur le concert d’Etienne Daho, le 13 novembre au Silo
D’un retentissant coup de gong, Daho a sonné son grand retour à Marseille dans le cadre d’un Diskonoir Tour en forme de premier jour du reste de sa vie, plus rock, plus dark, après cette mauvaise infection qui a failli lui ôter la vie l’an passé…
« C’est bon de vous retrouver ici, surtout avec ce soleil ! » Daho est heureux, ça se voit, ça se sent dans ses petites causeries entre les chansons, dans son autodérision portant sur sa mini-carrière de comédien chez Assayas jusqu’à ses allusions sur d’éventuelles ambiguïtés. Il assume, en rajoute, force le trait et fait monter les décibels, comme pour cacher les failles ou déjouer le temps qui passe, et tant pis si l’on perd un peu de sa voix au passage. Son énergie prime ; elle est brute, sexy, communicative, transformant sa prestation en un véritable show/bilan dans l’urgence : smart, il passera de la panoplie costume noir et blanc / lunettes noires au smoking doré… L’envie est là, intacte, et les chaloupés du bassin toujours aussi renversants.
La complicité qu’il entretient visiblement avec ses musiciens n’a d’égale que celle partagée avec son public, attentif et bienveillant. Il remercie ses aficionados en multipliant ses passages en avant-scène, fixant le premier rang. La salle est encore comble, reprend ses chansons en chœur et ne veut plus le laisser partir.
Parfois, il lève les bras paumes en l’air comme pour les étreindre, tous, ou leur offrir cette innocence retrouvée chanson après chanson. Il y a toujours, en fond, dans toute la poésie de ses paroles, le manque, la tristesse et les histoires d’amour qui font mal, mais les nouveaux arrangements demeurent paradoxalement dansants et festifs.
Perfectionniste, il a choisi pour son jeu-concours « Jouez en première partie de Daho« le groupe de cold wave et de pop élégante La Féline, qui vient de sortir son premier album Adieu l’enfance. Le ton étant donné dès le début de soirée, personne ne sera surpris de voir un peu plus tard Edith Fambuena, des ex-Valentins, s’avancer sur scène avec sa guitare et accompagner la star de la soirée avec toute sa verve sur Saudade.
Comme un boomerang, Il ne dira pas, Les Heures hindoues… Daho nous fait la totale. Pourtant fébrile à cause d’une mauvaise bronchite, il enchaînera pas moins de deux heures de concert et trois rappels. Il finira même à genoux, mais pour plus d’intimité avec son public : « Vous voulez quoi ? », lance-t-il dans une dernière foulée. « Week-end à Rome ! », entend-on à droite à gauche. Les portables se dégaînent pour immortaliser le moment, des voix déraillent, des larmes coulent. Et d’un pas lent, Etienne s’éloigne comme un enfant qui ne voudrait pas aller se coucher.
Maryline Laurin