Etreintes brisées – (Espagne – 2h07) de Pedro Almodovar avec Penelope Cruz, Lluis Homar…
A bout de souffle
Il y aura bien sûr les amateurs aveugles et friands d’espagnolades en tout genre — rassasiés ici par leur quota de couleurs criardes, de passions rocambolesques et de romance œdipienne — pour qui la dernière livraison du réalisateur madrilène sera un pur bonheur. Et il y aura les autres. Ceux qui auront attendu jusqu’au milieu des années quatre-vingt-dix que l’exubérance d’Almodovar, certes sympathique mais plutôt vaine, cède la place à une certaine profondeur, lui permettant ainsi de devenir un des auteurs majeurs à la croisée des siècles. Mais à force de reprendre les mêmes ingrédients et de leur appliquer la même recette, l’Espagnol finit par faire du sur-place, décevant un public et une critique chèrement acquis. Il y a bien évidemment dans Etreintes brisées quelques plans magnifiques, deux ou trois belles idées de cinéma et un savoir-faire certain, mais cela ne suffit pas à faire du film une vraie réussite tant il pèche trop souvent par excès de tics scénaristiques et de figures si récurrentes qu’elles en deviennent de simples clichés. Pendant deux heures, on barbote ainsi en plein mélodrame, avec son lot d’écrivain aveugle, d’amant possessif, de fils homosexuel, de drôles de pères et de plans mammaires. Dans ce décorum familier et excentrique, l’histoire se dédouble sans cesse et semble se résoudre comme par magie dans un final aussi inutile qu’invraisemblable. Depuis quelques temps, il semble qu’Almodovar ne fasse plus du cinéma mais seulement du Almodovar. C’est bien dommage.
nas/im