© Tatiana Wolska

Exposition collective Nous n’aurons de cesse d’explorer à la Double V Gallery

Vé !

 

Au cœur du quartier des antiquaires, la Double V Gallery accompagne des artistes de toutes nationalités, à l’épaisseur créative bien palpable. Expositions personnelles et group shows sont ici à l’honneur. Avis aux néophytes comme aux collectionneurs.

 

Depuis le mois de décembre dernier, l’art se laisse délicieusement obser-V. Nicolas Veidig-Favarel, dont l’expérience dans la sphère culturelle n’est plus à prouver, et Véronique Favier, cheffe d’entreprise et collectionneuse avertie, ont ouvert une galerie marchande prometteuse à souhait. Si le nom du lieu porte les initiales des deux associés, le projet commun n’en est que renforcé : mettre en lumière la jeune scène artistique française et internationale, en restant bien ancré en Méditerranée.

Au cœur de notre cité, les galeries « marchandes » — à l’instar de Gourvennec Ogor ou Béa-Ba — se font rares. Une fois ce créneau saisi, Nicolas Veidig-Favarel explique qu’il a été essentiel que la galerie sache aussi bien parler aux professionnels que convertir les curieux, qui manquent parfois d’initiatives et d’investissement. « Faisons s’épouser les Marseille(s) ! S’engager dans le soutien des artistes est presque un acte militant. »

Inaugurée début mars, l’exposition Nous n’aurons de cesse d’explorer, dont le commissariat a été confié à la jeune critique et commissaire Emmanuelle Oddo, connaît déjà un franc succès. Si la Double V Gallery s’attache à montrer l’esthétique et le beau, elle n’oublie pas que chaque œuvre a un propos. Ici, quatre artistes (polonais, français et japonais) nous guident vers l’appréciation de la beauté retrouvée dans la matière : qu’elle soit organique, minérale, cosmique ou dévoilée « sur le fil », elle nous enveloppe d’enchantement et de poésie. Ainsi, une fois la porte d’entrée franchie, le visiteur se surprend à sortir d’une cacophonie moderne souvent peu réjouissante.

Quand Keita Mori s’amuse à matérialiser le plus physiquement possible son travail à l’aide d’un fil tendu, il nous conduit à une géométrie rigoureuse. Comme une réponse au chaos actuel. Comme un acte étonnamment rebelle. Quand Tatiana Wolska offre des créations d’une grande simplicité, au stylo et à main levée, c’est pour mieux parler à notre émotivité. Ses œuvres sont ce que nous voulons : des formes organiques, des fœtus, des bulbes, des racines, voire des aliens. L’interprétation a du bon !

Caroline Corbasson nous amène, elle, à la frontière de l’art et du scientifique. Travaillant avec le LAM (Laboratoire Astrophysique de Marseille), elle peut aussi bien chercher la matière intrinsèque au cuivre que représenter le cri de naissance de l’univers. Ses œuvres, nébuleuses et fidèles à la réalité, ne manquent pas de fasciner. Enfin, Camille Ayme a notamment livré une installation inspirée : entre american dream et incitation au road trip, son « capot cartographié » est une empreinte, une vraie. Une carcasse qui témoigne du changement mais aussi du temps qui passe.

C’est un pari brillamment relevé. Celui de rassembler des artistes sous la bannière de l’art contemporain, qui nous surprend sans prévenir pour mieux nous séduire. La Double V Gallery propose des prix accessibles en offrant une belle visibilité aux artistes concernés. « Le but est même de les faire accéder à des salons prestigieux », ajoute Nicolas Veidig. Ambitieux, éclairé, ce duo de galeristes n’a pas fini de nous étonner. Et de titiller notre tendance à collectionner … quel qu’en soit l’objet.

 

Pauline Puaux

 

Exposition collective Nous n’aurons de cesse d’explorer : jusqu’au 2/05 à la Double V Gallery (28 rue Saint Jacques, 6e).
Rens. : 06 65 10 25 04 / www.double-v-gallery.com