Festival Aflam
L’Aflam dans les yeux
Du 13 au 20 avril, la onzième édition du Festival Aflam, consacré aux cinématographies du Maghreb et du Moyen-Orient, ouvrira, dans divers lieux de la cité phocéenne, une vaste fenêtre sur la richesse créative en termes d’images en mouvement dans cette partie du monde.
Voilà de nombreuses décennies que les bouleversements secouant le Moyen-Orient et le Maghreb irriguent la situation géopolitique mondiale. Les bas instincts (néo)colonialistes de l’Occident révèlent aujourd’hui encore le mépris chaque jour témoigné vis-à-vis des peuples millénaires qui subissent dans cette partie du monde le contrôle des grandes puissances, devenant un espace largement marqué par leurs jeux inhumains. Le cinéma, avec la littérature, offre bien souvent une juste représentation de toutes les dynamiques qui traversent les sociétés constituant le Moyen-Orient et le Maghreb. Au-delà même, nous nous en faisons régulièrement l’écho dans ces colonnes, leurs cinématographies sont aujourd’hui parmi les plus passionnantes qui soient, en écho avec les films nous venant d’Amérique Latine, empreints d’une urgence des récits, d’une réinvention des formes, d’une exploration remarquable de l’âme des sociétés.
Et nous ne le dirons jamais assez : nous avons l’incroyable chance, à Marseille, d’avoir la plus passionnante fenêtre sur le monde arabe, avec le festival Aflam. Du 13 au 20 avril, avec une soirée d’annonce le 3 avril, la onzième édition de la manifestation investira ainsi divers lieux de la cité phocéenne, du Mucem aux Variétés, en passant par le Vidéodrome 2, le Polygone étoilé, l’Alhambra et la Baleine. Au menu, un programme d’une quinzaine de films et rencontres, qui souhaite mettre en lumière la jeune création contemporaine et le film patrimonial. Le week-end de pré-festival nous permettra de découvrir, en avant-première, le dernier film de la cinéaste marocaine Leïla Kilani, Indivision, parallèlement à la troisième édition du cycle « Vives Archives », qui s’intéressera cette année à la restauration et à la remise en circulation de films longtemps ignorés. Parmi les autres invité·e·s de cette onzième édition, citons le réalisateur et producteur Mohamed Latrèche, qui viendra non seulement présenter son opus Zinet, Alger, le bonheur, mais également Tahia Ya Didou ! du même Mohamed Zinet. Les travaux d’archivages, de restauration, de recherches seront particulièrement à l’honneur lors de ce volet 2024, en l’occurrence à travers les espaces de discussions proposés au Polygone Étoilé : ces temps seront d’une importance capitale car il s’agira par ce geste d’évoquer collectivement une mémoire des cinématographies arabes, sans laquelle l’histoire actuellement en mouvement peut difficilement avoir de prises. Par ailleurs, outre la beauté des films programmés, soulignons leur rareté sur nos écrans, et l’urgence même de les découvrir ici, de Wahab Al Horriya (Le Donneur de liberté) de Kais Al Zubaydi, à Mandoob d’Ali Kalthami, en présence de l’acteur Mohamad Aldokhei, en passant par Personal Affairs de Maha Haj, A House in Jerusalem de Muayad Alayan, Conte des trois diamants de Michel Khleifi ou Hafreiat d’Alex Sardà. Outre trois belles séances de courts métrages, citons également les séances de Reines de Yasmine Benkiran, De l’autre rive de Maher Abi Samra, La Vallée de l’exil d’Anna Fahr ou l’avant-première du remarquable film de Liana & Renaud, La Mer et ses vagues. Enfin, la soirée de clôture de l’événement nous conduira sur les routes du Kurdistan irakien, avec l’opus de Sina Muhammad Transient Happiness.
Cette onzième édition confirme, s’il était encore nécessaire, toute la richesse des cinématographies du Moyen-Orient et du Maghreb, dont Aflam se fait magistralement l’écho à Marseille.
Emmanuel Vigne
Festival Aflam : du 13 au 20/04 à Marseille.
Rens. : www.aflam.fr
Le programme complet du Festival Aflam ici