Bons plants

Alors que l’opinion publique attend avec impatience les résultats de la campagne référendaire britannique et que les téléspectateurs de toute l’Europe ont les yeux rivés sur des petits personnages en maillots colorés qui courent sur une parcelle de gazon ou un champ de patates, le festival marseillais Caressez le Potager se prépare à refleurir une nouvelle fois au parc de la Mirabelle. Histoire de souffler un peu à l’ombre des feuillus, les doigts de pieds en éventail.

Caressez le Potager… Un dispositif politique lancé par les Verts ? Une invitation déguisée à la sensualité ? Un slogan publicitaire pour promouvoir une nouvelle gamme de produits bio ? Non, rien de tout cela, sinon une idée germée dans l’esprit du directeur du Centre culturel Sarev, Jean-Louis Favier, qui continue à porter ses fruits depuis treize ans en réunissant pendant trois jours artistes plasticiens, musiciens, comédiens, conteurs et autres embellisseurs du quotidien.
Le festival se distingue par ses teintes conviviales et une ambiance propre à réconcilier les amateurs de culture urbaine et les nostalgiques de célébrations champêtres. Misant sur l’authenticité, il s’adresse aux petits et aux grands enfants en soif d’émerveillement, dans un esprit de guinguette décontractée.
Au programme de cette édition : des installations in situ du street artist Aurélien Nadau ; du cinéma d’art et d’essai comme on l’aime, avec une brochette de courts-métrages et une sélection de films d’animation dénichés par la réalisatrice et photographe Sylvie Frémiot pour sa « pépinière d’image ». Du côté du geste théâtral et de la danse se mijote une déambulation poétique mise en scène par Marco Beccherini, une performance dansée d’un trio de flamenco décalé (Eklectic Flamenko Zone) et un solo du danseur contemporain Blaise Powell. La parole sera aussi à l’honneur avec la création théâtrale Mon Ange gardien de Denis Barré, qui se fera pour un temps gardien de but burlesque, ainsi que lors des confessions publiques de la dernière femme de Barbe Bleue interprétée par Céline Giusano. Et pour voyager à travers les mythes des contrées lointaines que perpétue la parole des anciens, le conteur Jorus Mabiala interviendra tout au long du festival. Bien entendu, la musique sera elle aussi au rendez-vous, avec un concert de Bonk, brass band électro alliant techno et sonorités balkaniques, qui devrait plaire aux fans de techno autant qu’aux défenseurs les plus radicaux de la musique « world ».
Temps forts du festival à ne pas manquer : l’opération de vente aux enchères Pot contre pot qui aura lieu le samedi soir, à la suite duquel il vous sera possible de repartir en compagnie d’un plan de courgette, de tomate, d’aubergine ou d’aromate choyé pendant des mois par sa famille d’accueil issue de la vallée de l’Huveaune. La cagnotte récoltée servira à alimenter les réfugiés de la « jungle de Calais », ainsi qu’une ONG engagée dans des actions sociales et humanitaires.
Avis, donc, aux vacanciers et aux riverains qui en auront marre (ou pas) des plages bondées, et qui désireront ardemment un coin de verdure pour échapper à la faune estivale : un coin tranquille et animé vous est offert avec tous les spectacles et ateliers. Un bon plan à relayer, partager, échanger, sans risque de poursuite judiciaire de la part de Monsanto…

Morgane Lagorce

Festival Caressez le potager : du 7 au 9/07 au Parc de la Mirabelle (12^e).
Rens. : www.caressezlepotager.net