Festival CinéHorizontes
Quartiers d’Ibères
Pendant deux semaines, le cinéma espagnol et hispanophone prend possession du Prado à Marseille et d’autres salles de la région grâce via le festival CinéHorizontes, pour une quinzième édition toujours aussi riche et alléchante.
C’est avec un plaisir non dissimulé que l’on voit revenir chaque année, principalement au Prado, mais aussi, entre autres, à l’Alcazar et à la Villa Méditerranée, le festival CinéHorizontes. Sa mission ? Faire partager la richesse inouïe d’une production cinématographique transpyrénéenne qui a malheureusement du mal à se frayer un chemin dans les salles françaises tout au long de l’année. CinéHorizontes propose donc cette année un panorama quasi exhaustif de la production ibérique récente, souvent inédite en France, qui régale toujours par son dynamisme et son inventivité. Depuis plusieurs années, c’est dans le cinéma de genre que l’Espagne a su se faire une place de choix jusque sur les écrans américains. Une dynamique créatrice que l’on ne peut que leur envier tant la production française dans ce domaine reste convenue. Au programme de cette quinzième édition, le dernier film du génial Alex de la Iglesia, réalisateur baroque et déjanté de chefs-d’œuvre tel que Action Mutante ou Le Jour de la bête, qui revient avec une comédie délirante sur le monde de la télé, Mi Gran Noche. Après La Isla Minima, polar poisseux à la True Detective qui a connu un succès surprise l’an dernier, Alberto Rodriguez revient avec El hombre de las mil caras, thriller d’espionnage présenté en avant-première cette année. En tout, plus d’une cinquantaine de film à voir sur ces deux semaines chargées. Des documentaires, notamment Filosofia entre rejas (Philosophie derrière les barreaux), rencontre étonnante entre des étudiants BCBG et des détenus réalisée par Gilbert Aroyo, qui accompagnera la projection. Dans un registre opposé, Manda Huevos scrute l’évolution du mâle ibérique confronté aux révolutions sexuelles sur un ton espiègle et pétillant. Au rayon événements, on notera la venue de l’immense Carlos Saura, primé à Cannes en 1976 avec Cria Cuervos, que le festival met à l’honneur avec une sélection de quatre films importants dans la carrière du cinéaste. Mais aussi un focus sur le cinéma argentin, toujours passionnant, et une soirée autour du très beau Julieta de Pedro Almodovar avec la venue exceptionnelle de Rossy de Palma. Et tandis que Jean-Claude Carrière viendra parler du cinéma de Luis Buñuel, la réalisatrice catalane Isabel Coixet présentera ses deux dernières productions en avant-première. Encore un festival dense cette année, donc, qui sera difficile à suivre dans son intégralité mais dont la passionnante programmation, témoignant de l’éclatante vitalité de la production ibérique, nous fera regretter de ne pas voir s’épanouir plus souvent son cinéma sur nos écrans le reste de l’année.
Daniel Ouannou
Festival CinéHorizontes : du 12 au 25/11 à Marseille et en Provence.
Rens. : 04 91 08 53 78 / www.cinehorizontes.com
Le programme complet du festival CinéHorizontes ici