Taxi Téhéran de Jafar Panahi

Festival Cinéma Télérama / AFCAE

Les voyages d’Ulysse

 

Pour la dix-neuvième année consécutive, l’hebdomadaire Télérama s’associe à plus de trois cents salles hexagonales pour proposer un tour d’horizon des seize films qui, selon lui, ont compté en 2015.

 

Au jeu de massacre consistant à dénoncer à l’envi la mainmise d’une presse culturelle lénifiante, dont les ravages sur la création se mesurent chaque jour plus distinctement, Télérama reste une cible idéale. La praxis d’un tel mass média nous éloigne de facto de la diversité des regards propres à embrasser ce que représente aujourd’hui faire un film, écrire un roman, bâtir une œuvre. Le festival cinématographique éponyme en est l’acmé. Non pas que les choix de films puissent être rejetés dans leur entièreté, mais le tout dessine en filigrane une pensée, celle d’un bon goût hors sol, éloigné de ce qui a fait le cinéma. Pour la dix-neuvième année consécutive, l’hebdomadaire propose ainsi un retour sur les seize films qui, par leur prisme, ont fait sens lors de l’année 2015, dans une appréhension spectatorielle toute jacobine. Plus de trois cents salles de France, dont une poignée en région, se prêteront au jeu de ce choix parcellaire et partisan. Parmi ce corpus, une poignée d’œuvres ont évidemment enthousiasmé sans réserves, à l’instar de l’intelligent Fatima de Philippe Faucon, du Taxi Téhéran de Jafar Panahi, de l’excellent film d’animation d’Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli Phantom boy, ou de Phoenix de Christian Petzold. Mais comment ne pas être saisi par le choix tout en vacuité, voire en ambigüité dangereuse, de la bien curieuse Palme d’Or cannoise, le Dheepan de Jacques Audiard, navet prétentieux, gênant aux entournures ? Ou du très mineur Woody Allen — L’homme irrationnel —, l’un de ses plus mauvais crus, jusqu’aux très anecdotiques Life d’Anton Corbijn, le raté Birdman d’Inarritu ou le caricatural et surjoué Marguerite de Xavier Gianolli ? N’y avait-il pas, parmi les opus de l’année écoulée, œuvres plus sémillantes, propres à réinventer les formes des langages cinématographiques ? Assurément si, et le spectateur cinéphile appréhendera l’exercice à sa mesure : s’offrir un tour d’horizon, en guise de séances de rattrapages, des films de 2015 qui, à défaut de nous bouleverser, ont fait couler beaucoup (trop) d’encre.

Emmanuel Vigne

 

Festival Cinéma Télérama / AFCAE : du 20/01 au 26/01.

Rens. : www.telerama.fr/festivalcinema/2016/

Le programme complet du Festival Télérama ici