Festival d’arts visuels Ephémère
La chute des feuilles allant s’accélérant, l’homme à l’orée de l’hiver s’interroge gravement sur sa destinée. Par-delà les saisons, les avancées de la technologie et les accélérations de la société de l’information, toujours plus fulgurantes, ont en quelques années modifié radicalement son mode d’exister et son rapport… (lire la suite)
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie…
… Et les œuvres du festival d’arts visuels Ephémère au Variétés (mais seulement jusqu’au 6 décembre)
La chute des feuilles allant s’accélérant, l’homme à l’orée de l’hiver s’interroge gravement sur sa destinée. Par-delà les saisons, les avancées de la technologie et les accélérations de la société de l’information, toujours plus fulgurantes, ont en quelques années modifié radicalement son mode d’exister et son rapport au temps. D’obscur ennemi qui ronge le cœur et dont le lent passage commet les outrages que l’on sait, le temps a été ramené à une quasi-instantanéité, dans le même temps que l’homme, de par la grâce de ses multiples prothèses technologiques, acquérait une forme d’ubiquité. Sur la proposition du festival Ephémère, treize artistes ont donc livré leur interprétation du rapport contemporain que l’homme entretient avec le temps. On y constate que les grandes interrogations sur l’existence, son début et sa fin, n’ont pas déserté le champ artistique. Le miroir de Marion Bordas reflète ainsi les pieds d’un mort au lieu du visage des spectateurs tandis que l’installation de Carol Vanni autour de ses « temps de lait » fait se rejoindre sensation d’éternité et épuisement total des premiers mois de maternité. Le devenir de notre environnement naturel, menacé par notre développement exponentiel, est imaginé par Thierry Cheyrol avec une « forêt » de formes hybrides, à mi-chemin entre le végétal, le minéral et l’organique.
Mais le rapport de l’homme avec le temps, c’est aussi le temps que le spectateur passe dans une exposition. Pour l’association Les Asso(s), à l’initiative de cette première édition du festival, l’objectif était aussi de montrer de l’art dans des lieux qui ne lui sont pas spécifiquement dédiés, d’attirer des curieux qui ne seraient pas forcément entrés dans une galerie. En ce sens, la proximité et la convivialité du bar des Variétés, l’absence de galeriste furtif et suspicieux et l’ambiance sonore du lieu donnent effectivement envie de s’attarder devant les œuvres, de prendre son temps et du temps pour y entrer. Voire y participer. Benedetto Bufalino propose ainsi de coller des autocollants blancs sur une photographie de paysage urbain : beaucoup de visiteurs se sont ingénié à disposer leur participation selon des formes précises, à dessiner ou écrire dessus. D’autres ont passé du temps à lire les différentes recherches effectuées par Christophe Asso sur google. A « lapins posés », des rendez-vous manqués aux méthodes pour attraper les faucons, c’est toute l’infinie diversité du Web qui nous submerge, avec 1 060 000 résultats. Ainsi qu’une certaine rêverie devant la poésie aléatoire de certaines associations…Enfin, pour une vision plus complète du travail de chaque artiste, d’autres œuvres sont présentées à l’Espace Culture. Souhaitons donc longue vie au festival Ephémère.
Mélanie Rémond