Palais royal
Jean Vilar aurait cent ans. Le Festival d’Avignon en a 66 – une bien longue route déjà… Pour cette nouvelle étape, incontournable de notre été, c’est l’acteur et metteur en scène Simon Mac Burney, artiste iconoclaste s’il en est, qui prend le volant …
Avant-dernier tour de piste (et avant 2013…) pour le duo de programmateurs Vincent Baudriller/Hortense Archambault, qui a redoré le blason du Festival et fait de cette nouvelle édition un savant patchwork maîtrisé de la création contemporaine.
Ainsi, on y retrouvera sans surprise les fidèles, gages de réussite : Josef Nadj et Romeo Castellucci, qui furent auparavant associés au Festival ; les chorégraphes Olivier Dubois, Nacera Belaza et Jérome Bel ; les très Parisiens Christophe Honoré, Robert Cantarella, Guillaume Vincent, Eric Vignier, Stéphane Braunschweig, Sophie Calle… Et les autres « hits » des éditions précédentes : Christoph Marthaler, Linah Saneh et Rabih Mroué, Arthur Nauzyciel, Forced Entertainement & Tim Etchells, Thomas Ostermeier… De grands noms devenus familiers, et dont on aura plaisir à découvrir les nouvelles créations…
Après avoir sondé le fourmillant programme, se détachent les créations de Bruno Meyssat (artiste inclassable, trop rare) et, surtout, celle de Simon Mac Burney, THE artiste associé. S’appuyant sur l’œuvre magistrale de Mikhail Boulgakhov, Le Maître et Marguerite, cet explorateur scénique peu vu en France invente ici de nouvelles formes. Hybrides mais précises, elles privilégient l’immersion du spectateur par tous les moyens – et tous les sens – dans l’univers labyrinthique de ce chef-d’œuvre de la littérature russe du XXe siècle, aussi critique que fantastique.
De nouveaux noms laissent également présager de belles découvertes, tout au moins d’aventures : qui sont Katie Mitchell et John Berger, venus respectivement d’outre-Rhin et d’outre-Manche ? Que concevra Séverine Chavrier, qu’on a pu admirer comme interprète chez François Verret ? Et de quoi seront capable Jean-François Matignon et le collectif berlino-suédois Markus Ohen ? Autant de questions dont on a hâte de découvrir les réponses.
Car ce sont bel et bien les découvertes qui font tout l’intérêt d’un festival de création contemporaine… Outre les spectacles, moult rendez-vous populaires font d’Avignon un événement unique au monde : les découvertes de la Vingt-Cinquième Heure, les Sujets à Vif (créations commandées par la SACD à des duos constitués pour l’occasion), les expositions, les Rencontres d’Eté de la Chartreuse à Villeneuve-lez-Avignon, les conférences de presse publiques le matin, le Théâtre des Idées l’après-midi, pour se prélasser philosophiquement dans les jardins… Autant de moments inédits qui, dans cet espace/temps resserré (trois semaines dans la petite ville d’Avignon), permettent à tout un chacun de faire légitimement partie intégrante du microcosme théâtral. Et c’est bien là tout le sens du mot populaire, cher au fondateur Vilar : « Qui concerne le peuple, qui appartient au peuple ». Le théâtre est partout. Il ne tient qu’à vous de vous en emparer.
Texte : Joanna Selvidès
Photo : Le Mai?tre et Marguerite de Simon Mac Burney
Du 7 au 28/07 à Avignon et dans le Vaucluse.
Rens. 04 90 14 14 60 / www.festival-avignon.com