Festival d’Avignon & Avignon Off
Du beau monde
Pour leur dixième et dernière édition en tant que directeurs du Festival d’Avignon, Hortense Archambault et Vincent Baudriller tirent leur révérence en beauté, ouvrant toujours plus la programmation à la nouvelle génération, notamment celle du continent africain.
Cette soixante-septième édition va faire des étincelles. A commencer par l’inauguration de la FabricA avec les merveilles pyrotechniques du Groupe F, qui fera feu (d’artifice) de tout bois. La construction de cette nouvelle salle, située hors des remparts d’Avignon, répond aux souhaits émis par le fondateur du festival, Jean Vilar : « Un lieu de travail et de répétition. C’est ce qui nous manque le plus actuellement. »
« Ce qui nous intéressait, c’était la jeunesse de cette nouvelle génération d’artistes venus d’ici et d’ailleurs, de Ouagadougou ou de Bagneux, de Lagos ou de Lille », expliquent les co-directeurs, qui laisseront la place à Olivier Py dès l’an prochain. Dieudonné Niangouna, premier artiste associé africain, présentera ainsi Shéda, œuvre mélangeant théâtre et musique. Tandis que le deuxième artiste associé, Stanislas Nordey, qu’on ne présente plus, mettra en scène Par les villages de Peter Handke. Comédiens, metteurs en scène, auteurs et passionnés des mots, les deux hommes ont en commun de puiser leur inspiration dans l’actualité pour évoluer dans un théâtre engagé.
Une large part de la programmation est consacrée à l’Afrique, en présence de nombreux artistes. Des Européens présenteront également des spectacles liés à ce continent, notamment Hate Radio de Milo Rau et Lagos Business Angels par la compagnie Rimini Protokoll. Autre fait marquant de cette édition : le montage de certains classiques du répertoire théâtral (Shakespeare, Goethe), quelque peu délaissés ces dernières années.
Inutile de détailler la programmation — foisonnante, comme toujours (cf. l’agenda). L’essentiel est ailleurs. Dans le fait qu’en déambulant entre les tableaux vivants (du In comme du Off), les spectateurs plongent dans la réalité de notre siècle. Et deviennent, ne serait-ce que temps de leur séjour dans cette « ville-théâtre », des citoyens du monde.
Gaëlle Goulois