Le Festival de Pâques
Cordes sensibles
Avec des soirées consacrées à Yehudi Menuhin et à Ivry Gitlis, la quatrième édition du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence consacre le violon roi.
L’engagement passionné et l’excellent travail de programmation mené conjointement par le violoniste et directeur artistique du festival Renaud Capuçon et le directeur du Grand Théâtre de Provence, Dominique Bluzet, a permis qu’édition après édition, la manifestation se forge une identité et rencontre son public. De 14 000 spectateurs en 2013 à 19 500 l’année dernière, c’est une véritable success-story : le Festival de Pâques est devenu le rendez-vous incontournable des musiques classiques du printemps aixois.
Qualité et excellence caractérisent la programmation époustouflante de cette édition. Vingt et un concerts réuniront jeunes talents et grands noms du classique, qui parfois se produisent peu en France. Le Budapest Festival Orchestra, dirigé par Iván Fischer, ouvrira le bal avec la grandiose et exigeante Symphonie n°3 en ré mineur de Gustav Mahler. Aussi fort, la présence de quatorze violonistes parmi les meilleurs du monde, notamment Ivry Gitlis, Maxim Vengerov, Anne-Sophie Mutter, Isabelle Faust, Michael Barenboim, Renaud Capuçon bien sûr, Pinchas Zukerman ou Daniel Hope. Ce dernier rendra hommage au plus grand violoniste de notre temps, le monstre sacré Yehudi Menuhin, à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance. Daniel Hope, l’un de ses plus proches élèves, interprétera des œuvres mettant en lumière des aspects personnels de la vie de Menuhin, parmi lesquelles L’Impromptu concertant en sol bémol majeur de Georges Enesco et Le Kaddish de Maurice Ravel, clin d’œil à ses origines.
Autre hommage à un virtuose du violon, Ivry Gitlis sera l’hôte d’honneur du festival et jouera lors d’une carte blanche à Renaud Capuçon. Ce violoniste de génie né en 1922, unique et inclassable, pense qu’« Il faut jouer comme si c’était une question de vie ou de mort. » Il sera accompagné au piano par sa fidèle amie Martha Argerich et Khatia Buniatishvili, au violon par Renaud Capuçon, Guillaume Chilemme et Maxim Vengerov, au violoncelle par Edgar Moreau et à l’alto par Adrien La Marca. L’affiche est rare, le plateau, exceptionnel : un grand moment de musique en perspective.
D’autres temps forts retiennent d’ores et déjà l’attention. En exclusivité pour le festival, l’illustre violoncelliste Yo-Yo Ma interprétera ainsi deux suites de Jean-Sébastien Bach et le Trio pour piano et cordes n°1 de Johannes Brahms, accompagné de Nicholas Angelich au piano et de l’incontournable Renaud Capuçon au violon. Une première : « Nous nous connaissons depuis plus de vingt ans mais c’est la première fois que nous nous produirons ensemble. »
Poursuivant ce voyage musical, le public découvrira également la Camerata Salzburg (dirigée par Louis Langrée) accompagnant la pianiste prodige Hélène Grimaud (originaire d’Aix-en-Provence), une résidence de cinq jours du Mahler Chamber Orchestra, le NDR Sinfonieorchester avec aux baguettes le jeune chef Krzysztof Urbański, une création mondiale en hommage à Pierre Boulez ou encore l’Ensemble Musica Saeculorum dirigé par Philipp von Steinaecker, pour une interprétation d’un chef-d’œuvre grandiose de la musique sacrée, la Passion selon Saint Jean de Bach. Mais aussi le concert Génération @ Aix, véritable tribune pour jeunes musiciens, des master-classes, un concert gratuit et bien d’autres moments tout aussi envoûtants. Le mot d’ordre étant toujours « la convivialité au service de l’excellence ». On peut parier qu’avec la qualité de la programmation et des artistes invités, le cru 2016 comblera les plus exigeants. Et qu’Aix-en-Provence est en bonne voie pour devenir le Salzbourg français.
Céline Schmitt
Festival de Pâques : jusqu’au 3/04 à Aix-en-Provence.
Rens. : 08 2013 2013 / www.festivalpaques.com
Le programme complet du Festival de Pâques ici