Festival des Musiques Interdites
Le Festival des Musiques Interdites investit cette année le Château Pastré pour un hommage à la Comtesse Lili Pastré, qui abrita et sauva pendant la guerre tant d’artistes « pour que l’esprit vive ». Consacrée à Mahler, la première soirée présentera, dans le cadre des célébrations du centenaire de la mort du musicien, un extrait de la Dixième symphonie (l’Adagio), inachevée à la mort du compositeur en 1911. Presque trente ans plus tard, au moment de l’Anschluss, Alma Mahler, fuyant Vienne et le régime nazi qui avait condamné l’œuvre de son défunt mari et menaçait sa vie, emportait avec elle le manuscrit inédit. Sa fuite vers les Etats-Unis, par le réseau du journaliste Varian Fry, passa par Sanary et la demeure des Pastré. Cette œuvre, basée sur cinq poèmes extraits du recueil de Friedrich Rückert intitulé Le chant de la mort des enfants, sera proposée en version soprano et baryton, exprimant la douleur des deux parents. Abd Al Malik sera le récitant du tragique parcours et sous la direction de Johan Farjot, l’Orchestre Philharmonique de l’Opéra, décidément très présent dans Marseille depuis le début de l’été, accompagnera Mathias Hausmann et Marie-Ange Todorovitch. La deuxième soirée sera consacrée à un autre réfugié célèbre de la Comtesse : Norbert Glanzberg, compositeur, entre autres, d’Edith Piaf (Padam, Padam), Lys Gauty et Yves Montand, qui revint, en 1980, à ce traumatisme de la déportation en mettant en musique dans Holocaust lieder et Holocaust songs des poèmes de condamnés. Le tout servi par les voix de Ute Gfrerer et Emilie Pictet (sopranos), Anouk Grinberg, récitante avec là aussi le Philharmonique de l’Opéra sous la direction d’Antoine Marguier. A noter, un montage vidéo de Serge Glanzberg et François Mouren-Provensal. Enfin, le dernier soir sera consacré à l’hôtesse des lieux, avec pour titre Lili Pastré, pour que l’esprit vive, du nom de l’association de secours aux réfugiés qu’elle fonda. Vous citer la pléthore de compositeurs et d’interprètes intervenant lors de cette nuit serait bien long, mais sachez qu’ils œuvreront sous la houlette — à défaut de la baguette — du maestro Frédéric Lodéon, violoncelliste émérite, ici présent en tant que voix/voie, qu’il montrera, tant au public qu’aux interprètes.
Texte : Frédéric Marty
Photo : Abd Al Malik © BFC
_Du 7 au 9/07 au Château Pastré (157 Avenue de Montredon, 8e). Rens. 09 62 61 79 19 / www.musiques-interdites.eu