Festival Instants Vidéo, 29e édition
A l’image du monde
Coup d’œil sur les coulisses de la vingt-neuvième édition des Instants Vidéo, sur fond d’état d’urgence poétique.
Poésie et numérique vous semblent incompatibles ? Aux Instants Vidéo de vous convaincre du contraire, et ce depuis bientôt trente ans. Si ces deux mots, « numérique » et « poésie », ne sont pas associés à l’événement depuis sa création, l’idée d’utiliser la dimension technologique a fait son chemin dès l’apparition du concept. Marc Mercier, directeur artistique du festival et réalisateur, se prête d’ailleurs volontiers au jeu de la machine à remonter le temps : « Le festival est né d’une façon particulière. L’association qui le porte n’a vu le jour qu’en 2004, à Marseille. Avant, il était porté par une structure sociale, la MJC de Manosque. »
Portée sociale
Le questionnement de la typologie du public apparaît donc à l’origine de l’événement, via la volonté de ne pas toucher uniquement les personnes supposément sensibles à ce genre d’événement. Vingt-neuf ans plus tard, l’idée n’a pas pris une ride. « On sera présent à la Friche sur les trois jours et on organise des diffusions à l’association SARA comme à l’ADPEI. » La première œuvrant au service d’aide à la réinsertion d’adultes lorsque la deuxième demeure un acteur majeur de l’économie sociale et solidaire marseillaise. Sans oublier les performances sur l’exil à la Galerie Deux. Un signe fort. « On souhaite, notamment via la gratuité de l’ensemble du festival, toucher un public plus large, qui ne viendrait pas forcément si ces conditions-là n’étaient pas réunies, raconte Marc Mercier, qui parle de galeries d’art éphémères. Bien sûr, ce travail s’effectue tout au long de l’année, via un lien direct avec les travailleurs sociaux, les premiers à convaincre. » Si une thématique en particulier ne domine pas le festival, le fil rouge semble être l’exigence. Ainsi, « on ne diffuse pas l’œuvre d’un artiste palestinien ou syrien juste parce qu’il est Palestinien ou Syrien. »
Mais alors, comment choisir parmi les quelque mille cinq cents propositions que reçoivent les Instants Vidéo de janvier à juin ? Marc Mercier parle de coups de cœur et de découvertes, qui vont parfois au-delà des candidatures. Comme avec La Preuve par Prince de Serge Daney, critique de renom, un court rare qui se verra diffusé le soir de l’inauguration. Autre temps fort : une exposition en hommage à Leïla Alaoui, photographe et vidéaste franco-marocaine tombée sous les balles de l’attentat de Ouagadougou en janvier dernier. Des moments d’émotion, dont fait également partie la nuit du samedi 12, organisée avec la complicité de trois structures liées à la recherche dans le domaine de la psychanalyse (l’Association de la Cause freudienne Méditerranée-Alpes-Provence, la Section clinique d’Aix-Marseille et le Centre Psychanalytique de Consultations et Traitement de Marseille-Aubagne). Une nocturne, donc. La première depuis la naissance du festival. Forte de projections, lectures et conférences abordant de près ou de loin la psychanalyse, l’art vidéo et diverses pratiques liées à l’art de la performances. Marc Mercier ne peut d’ailleurs s’empêcher de sourire à l’évocation de Sitting and smiling, performance qui met en scène un homme dans la position du lotus censé sourire pendant quatre heures depuis son studio à Philadelphie… De drôle d’Instants.
Charlotte Lazarewicz
Festival Instants Vidéo, 29e édition : du 10 au 13/11 (installations vidéo jusqu’au 4/12) à la Friche Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e).
Rens. : 04 95 04 95 95 / www.instantsvideo.com
Le programme complet du festival Instants Vidéo ici