Festival International d’Art lyrique d’Aix-en-Provence 2012
Et la magie Opéra…
« L’opéra miroir du monde… » Ainsi Bernard Foccroulle, qui dirige depuis six ans la vaste machine de spectacle qu’est le Festival d’Aix, titre-t-il son édito.
Et dans ce monde-là qu’il fait sien – et nôtre le temps de cette soixante-quatrième édition – il a fait le pari de la diversité, tout autant que de l’audace.
Rendre mitoyens Les Noces de Figaro mis en scène par Richard Brunel et en décors par la piquante styliste Chantal Thomas, La Finta Giardiniera de Mozart et La Cambiale di Matrimonio de Rossini pouvait présager d’une édition légère et triviale… Que nenni ! Ce serait sans compter le David et Jonathas dirigé par William Christie et mené avec les Arts Florissants, ou encore l’opéra Une Situation Huey P. Newton de Jean-Michel Bruyère, artiste subversif et toujours militant qui raconte là la vie de deux fondateurs du mouvement Black Panthers, laissant ainsi deviner l’urgence de dénoncer les travers de nos sociétés malades.
L’édition se révèlera aussi capable de rêverie plus romantique avec L’Enfant et les sortilèges de Ravel ou les concerts qui prolongent avec bonheur la magie lyrique de la manifestation.
L’apogée du festival se situera sans aucun doute avec la création mondiale de Written on Skin, écrit par le fantastique auteur britannique Martin Crimp, aux univers si étranges. Cet opéra ultra contemporain, qui s’inspire d’une légende occitane du XIIe siècle rejouée sous le froid regard d’anges du XXIe siècle, veut explorer les conséquences explosives de la découverte de soi et les limites du pouvoir qu’un être humain peut exercer sur un autre. Pour cela, la commande a été passée auprès du prestigieux Mahler Chamber Orchestra, dirigé par le maître George Benjamin, et sera vocalement servie par les chanteurs les plus en vogue – dont le fascinant contre-ténor Bejun Mehta. Un évènement en soi.
Dans cette manifestation décidément multi-facettes – même sans boule disco – les concerts et récitals feront la part belle à l’éclectisme (de Satie à Lulli en passant par les musiques du monde), octroyant une place d’honneur au London Symphony Orchestra (associé au Festival pour quatre ans, comme le fut auparavant le Berliner), mais aussi à de plus jeunes ensembles comme l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée ou l’Académie européenne de musique.
Une édition qu’on sent libre de ses mouvements et de ses choix, et qui nous laissera à notre tour libres d’étancher notre soif de beau et de bon. On ne le dira jamais assez de cet art qui, loin de sentir la naphtaline, gagne à être connu des plus jeunes et des plus réticents : ici, l’opéra, c’est bon, mangez-en.
Texte : Joanna Selvidès
Photo : David et Jonathas par Adi Nes
Du 5 au 27/07 à Aix-en-Provence, Puyricard, Saint-Maximin et Le Puy-Sainte-Réparade.
Rens. 04 42 17 34 34 / www.festival-aix.com