Festival International de la Mode et de la Photographie à la Villa Noailles
D’Hyères, d’aujourd’hui et de demain
Déroulé sur trois jours et inaugurant un mois entier d’expositions, le vingt-sixième Festival International de la Mode et de la Photographie ouvre ses portes pour mieux habiller notre imaginaire et titiller notre regard. Zoom sur des œuvres éclectiques.
Cette année encore, les organisateurs du festival ont frappé un grand coup dans l’avant-gardiste Villa Noailles. Des innovations ont pimenté ce week-end fleuri et la sélection a réservé de belles surprises. A commencer par une muséographie plaçant l’exposition permanente de Charles et Marie-Laure de Noailles, sur l’histoire de la Villa, entre un sous-sol et un premier étage dédiés aux expositions photographiques, et à l’extérieur, les collections de mode. Un emplacement qui souligne ainsi le trait d’union représenté par ces mécènes entre l’art d’hier et celui de demain. Saluons également l’idée d’avoir agrémenté le régal visuel de performances sonores. Une terrasse avec vue sur mer a accueilli les prestations de The Shoes et de Norman Palm, permettant à nos oreilles de flotter sur des ondes entre nu disco et pop-folk classieuse. Côté organisation, la popularité du festival a aussi donné des ailes à ses responsables, qui ont posé leur sac de défilés dans les salins de la Capte, pour un spectacle dont seule l’attente fut regrettée. Les défilés des artistes exposés à la Villa ont globalement démontré la vigueur de la création contemporaine. Un dynamisme d’abord traduit visuellement avec les chapeaux en forme de cygnes de Mads Dinesen et, surtout, les plis ondulés de Maryam Kordbacheh, à faire pâlir de jalousie les vagues hyéroises. Mais certains vêtements illustrent aussi des réflexions sur la société, à l’image des hauts transparents de Léa Peckre, se confessant auprès de couvre-chefs de nonnes. Dans la famille photographie, les cartes ne se valent pas toutes. Les explications de texte affichées, pour les photographies en compétition, ouvrent grand les portes de nos pensées sur l’art sans être pour autant à la hauteur du résultat présenté. Une question d’art contemporain qui dépasse le cadre de la seule photographie. Quelques œuvres méritent toutefois le déplacement, comme la superposition des différentes images d’un même lieu forestier par Kim Boske, qui joue avec les codes du temps et de l’espace en donnant une impression de mouvement. C’est probablement à l’étage que les images resteront gravées le plus longtemps dans les pupilles, avec ces vraies mannequins masquées, côtoyant des statues dans l’espace de la collection privée de Raf Simons, l’éloge polysémique de la femme chez Erwin Blumenfeld ou l’humour chimique et lutin de Matthieu Lavanchy et Jonas Marguet. Un, deux trois, souriez : l’objectif Noailles va se déclencher.
Texte : Guillaume Arias
Photo : Isabelle Antheaume
Festival International de la Mode et de la Photographie : jusqu’au 29/05 à la Villa Noailles (Hyères). Rens. www.villanoailles-hyeres.com/hyeres2011