Festival International du Documentaire

Festival International du Documentaire

Hasta la pellicula siempre

Plus d’une trentaine de films internationaux en compétition, des sélections parallèles riches de découvertes, une pluie d’œuvres diffusées en première mondiale, un soutien actif à la création… : le FID offre à la Cité phocéenne ses plus beaux moments de cinéma.

Un festival est une lutte. Entre multiplication des propositions, baisses budgétaires et souci d’une ligne éditoriale claire et exigeante, s’affirmer aujourd’hui comme un rendez-vous privilégié en matière d’images documentaires est une gageure, remportée haut la main par l’équipe du FID, et sa figure tutélaire, Jean-Pierre Rehm. Ainsi, foin de vaines célébrations en l’honneur d’une vingtième édition. Comme le dit lui-même l’intéressé, « Pour tout anniversaire, ce qu’offre le Festival est sa grande endurance, les surprises de sa programmation, et son existence même. » Et nous d’opiner bien volontiers. Car l’événement a sans conteste pris corps, au fil des ans, s’octroyant une place de choix sur la scène internationale. A tel point qu’aujourd’hui, nombre de films sélectionnés en compétition sont présentés pour beaucoup en première mondiale. Une reconnaissance qui nous autorise à affirmer que chaque nouvelle édition du FID est en soi un événement exceptionnel, au cœur de la cité phocéenne. Parmi les œuvres que les festivaliers marseillais viendront ainsi découvrir, citons les très attendus films de cinéastes de renom, d’Apichatpong Weerasethakul à Tsai Ming Liang, en passant par le globe-trotter sénégalais Ghassan Salhab. Soulignons la diffusion du très beau documentaire de Pedro Costa, découvert cette année à Cannes, circonvolutions brillantes autour du processus de création, tourné aux côtés de l’actrice-chanteuse Jeanne Balibar. Les sélections parallèles, aires de jeu privilégiées du festival et objets des plus intéressantes expérimentations, promettent quant à elles d’éclatants instants de projection. A commencer par la présence, derechef, du grand homme de cinéma qu’est Jean-Pierre Gorin. Le FID lui a proposé cette année de revenir sur l’expérience unique du groupe Dziga Vertov, dont il est, avec Jean-Luc Godard, dès 1968, l’un des créateurs. Il y a fort à parier qu’au-delà des films, son témoignage soit bouleversant. Ressort-on réellement indemne d’une participation si forte, si politique, avec ce cinéaste de génie ? Dont acte, avec une programmation présentée en parallèle de l’œuvre de Dziga Vertov lui-même. Deux autres écrans thématiques risquent bien d’exciter nos papilles cinéphiles : une singulière exploration de l’oxymore « étrange familiarité » d’une part, ou comment déceler le bizarre dans nos univers coutumiers, via les œuvres, entre autres, de Mara Mattuschka ou Jack Arnold — réalisateur de l’époustouflant L’homme qui rétrécit —, et une réjouissante programmation parallèle d’autre part, autour du super héros sous toutes ses formes. L’occasion de célébrer le grand retour des désopilants — et intelligents — Yes Men, mais également de découvrir le mythique Hasta la victoria Siempre ou le récent Shirin d’Abbas Kiarostami. D’autres déambulations cinématographiques s’ajoutent au programme, de la belle sélection « Les spectres de l’Histoire » à la programmation concoctée pour les plus petits par Fotokino. Mais l’une des grandes nouveautés de cette édition figure dans la section FidLab. « Cette initiative résulte de l’envie de défendre également les œuvres en amont, en offrant une plateforme de rencontres avec des professionnels, en créant une synergie, autour de films en cours de réalisation, rappelle Jean-Pierre Rehm. Treize films internationaux sélectionnés seront ainsi défendus par leurs auteurs, en quête de soutiens supplémentaires pour la création de leur œuvre. » Le FID ne devient plus seulement l’une des plus belles manifestations pour la diffusion du cinéma documentaire, mais œuvre avec intelligence pour son épanouissement.

EV

Du 8 au 13/07 dans divers lieux de la ville. Rens. 04 95 04 44 90 / www.fidmarseille.org