Festival International du Documentaire de Marseille
Jean-Pierre Rehm et son équipe nous convient à ce vingt-deuxième rendez-vous avec l’exigence qui animait les dernières éditions : une programmation de haut vol, la présence d’invités prestigieux et une prédilection de plus en plus marquée pour la diffusion de films en avant-première internationale. Le FID est devenu avec les années l’un des grands moments de rencontres cinématographiques, largement au-delà de nos frontières. Il a accompagné, éditions après éditions, l’explosion du documentaire et la mutation des formes d’expressions visuelles et sonores qui a vu les frontières évoluer entre fiction et documentaire. Au point que l’événement s’annonce, cette année, comme un festival de cinéma. De tous les cinémas. Pour sa séance d’ouverture, le FID a proposé à Arnaud des Pallières, réalisateur des formidables Disneyland, mon pays natal et Drancy avenir, de présenter en première mondiale son nouvel opus, Poussières d’Amérique, vision toute personnelle, on s’en doute, de l’histoire américaine, à base d’images d’archives privées. Un film qui figurera en compétition internationale aux côtés, entre autres, des réalisations de Joana Preiss (Sibérie), plus connue comme actrice chez Assayas,et vague égérie underground un temps magnifiée par Nan Goldin, de Bernhard Sallmann (Das schlechte feld), de Lech Kowalski, fantastique documentariste s’étant souvent penché sur la scène musicale punk et qui présente cette année The end of the world begins with one lie, ou Philippe Grandrieux, l’un des plus grands cinéastes français contemporains, avec Il se peut que la beauté ait renforcé notre résolution – Masao Adachi, annoncé comme un véritable ovni filmique. Au total de cette compétition, une vingtaine de films représentant dix-sept pays. Parallèlement, le jury aura également la tâche de récompenser le meilleur opus de la sélection française et de la compétition premier film. Catégories où se côtoieront Pierre Creton (déjà présent à l’édition de 2009), avec Le grand cortège, Elsa Quinette ou Eric Baudelaire. Parmi les points les plus passionnants du festival se trouvent sans conteste les éditions parallèles, cette année au nombre de six : « Une autre histoire du cinéma mexicain », qui permettra de découvrir la richesse d’une production peu connue, surtout sur la période d’après-guerre, « Souffrance et cruauté » qui, partant du raccourci lapidaire de Daney (« Au documentaire revient la cruauté, la souffrance appartient à la fiction »), tentera de démêler les fils d’une thématique large et enchevêtrée. Dans cette dernière sélection, on retrouvera les œuvres uniques de Werner Schroeter, disparu l’année dernière (Le règne de Naples) ou Koji Wakamatsu, avec United red army, récemment chroniqué dans ces colonnes. Autre rendez-vous, parmi les écrans parallèles : « Portraits Croisés », passionnante galerie de portraits cinématographiques, où l’on rencontrera Ophüls et Godard (dans le film de Frédéric Choffat et Vincent Lowy), Jonas Mekas ou Jean-Claude Biette. Enfin, l’un des autres très beaux rendez-vous du Festival se nomme « Conversations Secrètes », emprunt au chef d’œuvre de Francis Ford Coppola d’ailleurs présent dans cette sélection. Au final, une programmation colossale, pour l’un des plus grands rendez-vous cinématographiques de l’année.
Texte : Emmanuel Vigne
Photo : Disneyland, mon pays natal de Arnaud des Pallières
_Du 6 au 11/07 au TNM La Criée (30 quai de Rive Neuve, 7e), au Variétés (37 rue Vincent Scotto, 1er), à la BMVR Alcazar (58 cours Belsunce, 1er), au Théâtre Silvain (Chemin du Pont de la Fausse-Monnaie, 7e) et à la Maison de la Région (61 La Canebière, 1er). Rens. 04 95 04 44 90 / www.fidmarseille.org