Le concert de Radu Mihaileanu

Festival International du Film d’Aubagne

Tout le monde il est B.O.

 

Dix-septième édition du Festival International du Film d’Aubagne, qui croise les destinées de la musique et du cinéma durant une semaine regorgeant d’événements enthousiasmants.

 

Ce début d’année 2017, qui a vu le triomphe public et critique de La La Land inonder les salles et les remises de prix, restera dans l’histoire cinéphilique comme la renaissance de la bonne vieille comédie musicale à la papa. Et alors que sort cette semaine en salle une version karaoké (ne riez pas, SVP) du film de Damien Chazelle, d’aucuns ne sait si ce succès inattendu va pousser les studios à produire des bluettes gazouillantes à la pelle. Mais espérons de tout notre cœur qu’il n’en sera rien, bien que la consécration de Notre-Dame de Paris en 1998 et l’avalanche de bouses chantantes plus ou moins insupportables qui ont suivi ne laissent rien présager de bon. Ces quelques gouttes de fiel passablement gratuites pour rappeler que la musique au cinéma n’est jamais aussi essentielle que quand, discrètement, elle se met au service de la mise en scène, en créant une atmosphère en harmonie avec toutes les composantes du film. À l’image des John Williams, Ennio Morricone ou Hans Zimmer, qui ont fait entrer la composition de bandes originales dans les plus grands opéras du monde. Ce sont ces artistes discrets de la création cinématographique que le Festival International du Film d’Aubagne (le FIFA, mais sans la baballe et la corruption) met à l’honneur depuis dix-sept ans. Soit six jours (pour un festival qui pourrait en compter trente tant la programmation est gargantuesque) qui verront se bousculer une dizaine de films en compétition, une soixantaine de courts-métrages et pas mal d’avant-premières, tous accompagnés par leurs compositeurs. Au-delà de la compétition, c’est par l’originalité de ses rencontres que le FIFA marque son empreinte. Outre certains visages connus, comme la troublante douceur de Noémie Lvovsky, qui présente son tendre time travel movie Camille redouble ou l’humaniste franco-roumain Radu Mihaileanu et son bien nommé Concert, on retrouvera des faiseurs d’émotions moins célèbres et pourtant tout aussi importants dans la formidable œuvre collective quasi alchimique que sont les films. Comme une leçon de musique avec Nathaniel Mechaly, compositeur formé à l’électro-acoustique qu’on a pu entendre chez Guy Ritchie ou Wong Kar Wai, ou la rencontre du comédien Lyes Salem, dont le récent Je suis mort mais j’ai des amis respire le bon rock’n’roll qui tache. Mais, à notre humble avis, le clou de l’événement se jouera lors de la soirée de clôture, pendant laquelle le compositeur Jérôme Lemonnier proposera, après dix jours de travail acharné, le résultat d’un atelier de création musicale construit en même temps que le festival, donnant naissance à un ciné-concert on ne peut plus exclusif. Et musique oblige, chaque soirée sera animée par une équipe de Dj, avec en point d’orgue l’incontournable soirée de clôture signée Chinese Man Records. Et tout ça n’est qu’un échantillon des nombreux événements et rencontres proposés par un festival qui, décidément, s’épanouit dans la frénésie.

Daniel Ouannou

 

Festival International du Film d’Aubagne : du 20 au 25/03 à Aubagne.
Rens. : 04 42 18 92 10 / aubagne-filmfest.fr/fr

Le programme complet du Festival International du Film d’Aubagne ici