Festival Là ! C’est de la musique

Ici et là

 

Dans le foisonnement de propositions culturelles estivales d’Avignon, le festival Là ! C’est de la musique ! contournera les frontières musicales du 13 au 18 juillet. Annie Rosenblatt et Bernard Guinand s’accordent à valoriser les patrimoines minoritaires, recouvrer le langage des cultures ancestrales, des femmes, des hommes qui réveillent nos racines et font parler nos corps.

 

 

Six jours durant au cœur de la ville, dans un havre verdoyant, vingt représentations seront savamment orchestrées entre « in » et « off ». La poésie des textes, les rythmes effrénés, mélancoliques, hypnotiques, des répertoires glanés ici et ailleurs, jusqu’au fond même de la vallée du Couserans, offrent des ponts musicaux entre traditions et musiques actuelles.

Les polyphonies occitanes de La Mal Coiffée donnent le ton dès l’ouverture de cette sixième édition (le 13). Ce quatuor féminin languedocien, avec le premier opus de sa trilogie Roge, chante les textes d’auteurs engagés, de résistants… « Lo que sap son país per lo non de sas flors li sap ofrir la patz. (Qui connaît son pays par le nom de ses fleurs sait lui offrir la paix).(1) » Cette place à la poésie et l’écriture, le soixante-seizième Festival d’Avignon la met à l’honneur en co-accueillant le spectacle Et la terre se transmet comme la langue (le 14). Franck Tortiller et Elias Sanbar rendent hommage au poète et écrivain palestinien Mahmoud Darwich, nostalgique de sa patrie perdue. Ses luttes, ses espoirs de paix résonnent encore dans notre actualité : « Puissent les mots, enfin limpides, nous entrevoir les fenêtres ouvertes, Puisse le temps se hâter avec nous et apporter notre lendemain dans ses bagages. (2) »

Mélodies nomades de Joulik et rythmes traditionnels sud-américains de Aguamadera rythmeront cette semaine de grand écart artistique (le 15). Les voix de la chanteuse gabonaise Pamela Badjogo (le 16) et des Dames de la Joliette(3) (le 17), venues des rives de la Méditerranée, clameront les luttes, les témoignages de violence et de tendresse en ambassadrices fougueuses.

Une énergie débordante réunira le hip-hop de KKC Orchestra, ses coups de gueule et ses espoirs, avec le Collectif Passagtes en Coserans, portant les arts traditionnels du Couserans (le 16). Irrésistible ! Dans une ambiance électro-orientale, Bedouin Burger(3) laissera entendre en duo la voix des nomades des déserts judicieusement contenues dans une rythmique underground libanaise (le 17).

Venez en famille et faites voyager vos jeunes enfants enveloppés par la douceur et la virtuosité de la kora, la voix suave d’Amadou Diao et l’atmosphère électro-mandingue de Gurvan Loudoux. Deux représentations par jour (du 14 au 18) les invitent à partager, le quotidien des villageois de Takaledougou au Burkina Faso, en bordure du fleuve Comoé : collectage de sons in situ, petits bruits du quotidien, masques aux motifs tribaux.

Deux concerts-bals invitent à la danse, en cercle, en couple ou solo, pendant que sur scène, Saraï, dans un dialogue poétique, se joue avec élégance des musiques traditionnelles, actuelles et du jazz, et Kabbak enchaîne avec ses bourrées auvergnates, scottishs, mazurkas, valses et polkas (le 13). Boulègue !

Un captivant final signé Radio Safi mêlera en trio voix, mandole, violoncelle et percussions dans une création au Théâtre de l’Oulle (le 18). Peu importe les langues, une tendre communion musicale clôture cette sixième édition et délivre son message d’espoir finement mesuré : « Il fera beau demain matin jusqu’à midi. »

 

Sylvia Obrados

 

Festival Là ! C’est de la musique : du 13 au 18/07 dans la cour du collège Joseph Vernet (Avignon).

Rens. : www.lacestdelamusique.com

La programmation complète du festival Là ! C’est de la musique dans Ventilo

 

Notes
  1. Laurent Cavalié/Claude Alranq[]
  2. La Terre nous est étroite et autres poèmes (2000)Mahmoud Darwich[]
  3. Prix Musiques d’ICI[]