Patrick Chamoiseau © Jean-Luc de Laguarigue

Festival La 1ère

Voyages en 1ère

Du 30 mai au 2 juin, la Friche devient un « champ d’îles » artistiques et culturelles sous l’impulsion du Festival La 1ère. Via un programme foisonnant conviant littérature, musique, spectacle vivant, arts plastiques, production audiovisuelle, sports urbains et art culinaire, l’événement — gratuit — initié par le pôle Outre-mer de France Télévisions entend « créer des ponts entre les territoires et les hommes, susciter des échanges fructueux et des rencontres inspirantes, célébrer la richesse culturelle et la diversité de notre identité plurielle. »

 

À rebours de la vague réactionnaire qui s’est emparée d’une bonne partie de la planète, s’accrochant à une vision — chimérique — d’un passé totalement idéalisé et refusant toute évolution (des identités, du langage, des cultures), le Festival La 1ère propose de donner à voir et à entendre la pensée du « Tout-monde » développée par Édouard Glissant. Une philosophie complexe et d’une richesse inouïe, qui se focalise sur l’humain, et avec lui le vivant, dans un univers en perpétuel mouvement, fluide, « créolisé », où la relation aux autres est primordiale. C’est d’ailleurs sous l’esprit tutélaire du romancier, poète et philosophe martiniquais que la manifestation s’ouvrira le jeudi 30, avec une conférence inaugurale conviant deux autres éminents intellectuels de notre siècle : l’historien et politologue camerounais Achille Mbembé, et l’écrivain Patrick Chamoiseau, ami de Glissant et fin connaisseur de sa pensée. Ensemble, ils déploieront leurs idées pour affronter les multiples dangers qui pèsent sur notre lien social (crises démocratiques et écologiques, hystérie néolibérale et violences économiques), en réaffirmant la nécessité du commun, du multiple, et de concepts que d’aucuns qualifierait péremptoirement de naïfs, voire de « Bisounours », et pourtant fondamentaux comme « l’utopie, l’hospitalité et la fraternité, pour créer un monde interconnecté et harmonieux. »

Dès le lendemain et durant tout le week-end, l’archipel de la Friche sera traversé de multiples rendez-vous célébrant la pluralité culturelle des Outre-mer, de la métropole et, par-delà, du monde. Le Petit Théâtre et la Salle des Machines se transformeront ainsi pendant trois jours en pôle audiovisuel pour accueillir une multitude de documentaires, courts-métrages et podcasts reflétant la contribution majeure des territoires ultramarins à notre culture commune. Vendredi 31, la librairie de la Friche recevra par ailleurs le Parlement des écrivaines francophones, « qui explore les thèmes de la puissance féminine et de l’identité ». Les autrices Fawzia Zouari, Gisèle Pineau, Catherine Cusset et Marijosé Alie s’y retrouveront autour d’une question qui en recouvre tant d’autres : « Les femmes qui écrivent sont-elles dangereuses ? »

Le Grand Plateau se fera pour sa part le réceptacle des plus grands écrits de la poésie antiraciste avec le concert littéraire, chorégraphique et transdisciplinaire Black Label, inspiré de l’œuvre éponyme de Léon-Gontran Damas, mis en scène par David Bobée et incarné par JoeyStarr, la musicienne et chanteuse jazz Sélène Saint-Aimé et le chanteur et danseur Nicolas Moumbounou. Toujours au Grand Plateau, les compagnies Malka et Pockemon Crew célèbreront les noces du breakdance et du judo dans un ballet hip-hop défiant les lois de l’apesanteur.

En parlant de sport… on le sait désormais : Paris 2024, c’est aussi Marseille bébé, ainsi que toutes les « places fortes », passées ou présentes, du foot hexagonal (Saint-Étienne, Nantes, Bordeaux, Lyon…). Et puis c’est également la Polynésie française, puisque le site de Teahupoo accueillera les épreuves de surf. Ce qui ne manquera certainement pas d’inspirer les street artistes océaniens Rival, Richard Barrie et Vinie, invités à réaliser une fresque en lien avec les J.O.

Les espaces extérieurs de la Friche seront également sollicités à travers une série de performances et d’ateliers, tandis que le toit-terrasse vibrera, dans le cadre des soirées On Air, au rythme d’esthétiques musicales métisses, du reggaeton à la musique mandingue, en passant par le rap, la house, l’afro-carribéen ou encore le raï, avec les prestations de Maya Kamaty, Sya, Motsek ou KillerZ.

Histoire de parfaire ce festin des sens, les Grandes Tables accueilleront des chef·fes ultramarin·es durant tout ce week-end, qui nous invite décidément à un bien beau voyage.

 

CC

 

Festival La 1ère : du 30/05 au 2/06 à la Friche La Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e). Rens. : www.lafriche.org/

Le programme complet du Festival La 1ère ici