A l’est d’Eden

Le très nécessaire festival des cultures tsiganes Latcho Divano propose une nouvelle fois un panorama pluridisciplinaire de grande qualité pour se familiariser avec la culture Rom.

Ce peuple vulnérable souvent bafoué mérite bien mieux que les lieux communs discriminatoires dont il fait l’objet. Il est donc essentiel de susciter la réflexion citoyenne sur la présence tsigane en France, d’établir un contact chaleureux avec ces cultures pour éloigner la peur et le rejet. Une mission importante que remplit avec intelligence et générosité le collectif de bénévoles emmenés par Laurence Janner, fondatrice du Badaboum Théâtre, lors de deux semaines aussi festives que militantes, dans une volonté de créer un réel échange entre Roms et population marseillaise. Citons entre autres le succès grandissant des cours d’initiation au romani ainsi que des stages de danse, de chant et de cuisine, outils d’appropriation de cette culture.
Latcho Divano met l’accent cette année sur la culture tsigane vue à travers une caméra et sera pour la première fois présent dans le quartier historique des Roms, la Belle de Mai, pour une soirée au Gyptis au sein de la programmation thématique « L’enfance à l’écran ». Au programme, le documentaire Spartacus et Cassandra, suivi d’un concert du groupe Clair de Lune et de la troupe Terne Roma, dont le cofondateur Miroslav Gulyas préparera les buffets tsiganes de tous les événements.
Les deux groupes se produiront également en clôture de la quarante-quatrième journée internationale des Roms, le Romano Dives au square Léon Blum, grand moment du festival où nous attendent un village associatif, une exposition sur le thème du Centaure et des ateliers de peinture pour les enfants. Cet événement populaire et ludique sera l’occasion de s’imprégner de l’atmosphère des cultures roms dans leur diversité.
Au cinéma Les Variétés, voir absolument Papusza, l’histoire singulière de cette poétesse accusée par sa communauté de « trahir les secrets tsiganes », film dont la reconstitution historique et l’esthétique en noir et blanc ont été saluées dans de nombreux festivals. Une occasion rare d’entendre le romani, langue parlée dans le film. Les Tsiganes d’Amérique du Sud seront également représentés cette année avec deux documentaires diffusés à la Maison de la Région. A la Cité de la Musique, le guitariste manouche virtuose autodidacte Steeve Laffont foncera dans le swing comme un taureau dans une chambre ripolinée au rouge.
Et comme avant tout ce peuple mystérieux est de tradition orale, les Lecturbulences feront entendre au Point de Bascule des textes de l’écrivain et poète gitan Jean-Marie Kerwich. Pour dire à quel point nos vies doivent à leur fragilité leur seules vérités.

Olivier Puech

Festival Latcho Divano : du 26/03 au 8/04 à Marseille.
Rens. : 09 52 72 89 28 / 06 58 01 03 94 / www.latcho-divano.com

Le programme complet du festival Latcho Divano ici