Festival Latcho Divano 2017
Sur la route
Sous une bannière bleue, verte et rouge, la dixième édition du festival Latcho Divano est notamment conçue autour d’hommages aux figures emblématiques de la culture tsigane.
Voilà une décennie que Latcho Divano entreprend de raviver la voix de ceux qui n’ont officiellement été reconnus que depuis peu, malgré des siècles de mémoire. Avec toujours plus de nouvelles créations, et l’idée de promouvoir l’échange interculturel, une attention particulière est cette année portée à deux figures mythiques.
À commencer par Ceija Stojka (1933-2013), à laquelle la Friche rend hommage à travers une exposition à la Salle des Machines. Ses œuvres, brutes, témoignent d’un temps obscur dont l’oubli lui faisait peur : celui de la déportation. C’est en effet à l’âge de cinquante ans, alors qu’elle aura survécu à trois camps de concentration, qu’elle commencera à écrire et à peindre pour témoigner et combattre l’oubli. Un parcours chronologique poignant évoque chacune des périodes ayant marqué ses yeux de jeune femme. En parallèle sera organisée une lecture de l’un de ses textes, Je rêve que je vis, sous la houlette de Xavier Marchand (compagnie Lanicolacheur).
Autre figure, Matéo Maximoff, écrivain voyageur et photographe, qui aurait fêté ses cent ans cette année. Une exposition présentée au Cinéma Les Variétés revient sur son parcours et s’attache à montrer les conditions de vie des Roms. Une vision mise en parallèle avec l’emblématique Elizabeth Blanchet, photographe qui s’est d’abord engagée auprès des orphelins de la dictature roumaine en 90, avant de suivre l’itinérance des Tsiganes du Royaume-Uni. D’où le nom de son exposition, English and Irish Travellers, que l’on pourra aussi voir au 3013. Le cinéma de la Canebière proposera également une soirée spéciale documentaire avec la participation de la fille de Maximoff pour répondre aux questions du public.
Les cordes déchainées de la fanfare tzigane de Moldavie Ghista Vagabontu font aussi partie des emblèmes du festival, elles en sont même le pilier, et vous feront danser à la Cité de la Musique. Plus complémentaires que ce que l’on pourrait croire, la musique classique et la musique tsigane s’accorderont ici, à la Friche, avec l’invitation de Roberto Brasov lancée aux membres de l’Orchestre de CHAM (Classe à Horaires Aménagés Musique) et aux accordéonistes du Conservatoire de Marseille.
Côté septième art, au Gyptis cette fois, Latcho Divano nous propose de découvrir tout un pan de l’univers musical tsigane à travers le film Gypsy Caravan de Jasmine Dellal, ainsi que Transylvania de Tony Gatlif, pour une passion amoureuse qui défie les frontières. Aux Variétés, l’avant-première de Django d’Étienne Comar sera dédiée à une autre figure culte, Django Reinhardt, dont la guitare endiabla les soirées parisiennes, mais pas que.
Autre temps, autres symboles. Celui du théâtre, du conte et des lectures, avec Filles du vent sur la scène des Argonautes. Une pièce engagée dans une dimension sociale, celle de l’intégration scolaire, précédée des indéboulonnables Lecturbulences, lectures d’écrits des quatre coins du monde autour de la culture romani. Sur les planches du Badaboum, en grande conteuse, Nouka Maximoff nous fera découvrir les histoires de ses ancêtres tsiganes, mais aussi ses propres anecdotes.
Si le passage de l’hiver au printemps vous est agréable en si bonne compagnie, mais que vous souhaitez y participer d’avantage, pensez à vous inscrire rapidement aux différents stages qui sont proposés (danse, chants tsiganes, langue romani et cuisine). Et pour une clôture digne de ce nom, rendez-vous est donné pour la Journée Internationale des Roms, Romano Dives. Animations dès le début d’après-midi à la Friche où buffet, débat et concert de Nadara Gypsy Band signeront la fin d’une bien belle saison.
Salomé Teisseire
Festival Latcho Divano : jusqu’au 8/04 à Marseille.
Rens. : 09 52 72 89 28 / www.latcho-divano.com
Le programme complet du Festival Latcho Divano ici