Festival Laterna Magica à Marseille
Déchiffrez des lettres
Pour sa huitième édition, Laterna Magica fait la part belle à la lettre, au graphisme et à la photographie — et s’exporte à Paris, via une programmation au Quai Branly.
Créatif, inventif, magique, inédit… Les adjectifs pour qualifier le programme du festival créé par l’association Fotokino ne manquent pas.
« On reste dans une démarche de découverte. On cherche à montrer des choses différentes, qui sortent de l’ordinaire, qui poussent à la curiosité. » Pari tenu, notamment avec l’exposition Le Livre, l’enfant et le photographe, en partenariat avec l’île aux livres de l’Alcazar, qui met à l’honneur les ouvrages photographiques dédiés aux plus jeunes. « Cette exposition est l’occasion de montrer aux enfants qu’un univers différent de la télé ou des jeux vidéos existe. » Ouvrages rares et tirages originaux seront accompagnés d’ateliers et de rencontres avec les artistes Sarah Moon et Katy Couprie.
Tout aussi exceptionnel, le travail du graphiste Ed Fella fait l’objet de pas moins de trois expositions. « Il est encore peu connu ici. Il a participé au Festival international du graphisme et de l’affiche de Chaumont en mai dernier ; on a profité de l’opportunité pour présenter son travail. » Tournée vers la lettre, autant dans sa forme que dans son utilisation, l’œuvre d’Ed Fella est présentée dans une rétrospective inédite. Une soirée cinéma dédiée à la rue new-yorkaise fera suite au vernissage du cipM.
Autres amateurs de lettres, Bettina et Tom Henni dépoussièrent l’alphabet via leur projet Particules Elémentaires. Les lettres prennent vie, se dessinent, créant de nouveaux univers entre image et écrit.
Nouveau venu parmi les lieux accueillant Laterna Magica, le Théâtre de la Criée a donné carte blanche à Fotokino. « On a transformé le hall du théâtre en salle de projection pour Les petites formes. Dans cette “boîte à images” seront diffusés des films d’animations venus du monde entier ». Et le temps d’un week-end, la Criée se transformera en Grand Bazar avec spectacles, projections surprises, installations et interventions d’artistes. De l’image, de l’art, du cinéma, bref, un moment Magica.
Pour les amateurs de cinéma, le Variétés et l’Alhambra se partagent l’affiche entre contes de Noël et création de films d’animations grâce à La Fabuleuse Fabrique du Cinéma. La Baleine qui Dit Vagues accueille quant à elle des « cinés-contes » pour une rencontre insolite entre l’image et la parole vivante.
Nouveau participant également, le WAAW devient lieu de jeu et de création. Le bistrot culturel se transforme en salle de Tombola Fantastica le temps d’égayer un samedi hivernal et prête ses murs à Pixel Apparition, une fresque collective haute en couleurs imaginée par Yassine du collectif l’Articho. On peut d’ailleurs retrouver la fine équipe d’illustrateurs au Lièvre de Mars pour une exposition inédite.
At last but not least, des ateliers parsèmeront comme à l’accoutumée les différentes propositions artistiques : « C’est une excellente occasion de découvrir davantage l’univers des artistes et de comprendre leurs œuvres. » Le Studio — nouvel antre de Fotokino depuis octobre (voir Ventilo # 286) — en accueillera une grande partie.
Texte : Aileen Orain
Photo : My… My… de Lei Lei dans le cadre Des Petites formes
Festival Laterna Magica : du 24/11 au 24/12 à Marseille.
Rens. 09 81 65 26 44 / www.fotokino.org
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L’Interview : Fotokino
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A l’occasion de son rendez-vous d’hiver, l’association Fotokino revient avec nous sur ses nouveaux partenariats, futurs projets et ces petits trucs en plus qui font de Laterna Magica un festival incontournable.
Pour cette huitième édition de Laterna Magica, Fotokino possède son propre lieu, le Studio. En quoi cela change-t-il le déroulement du festival ?
Cela ne change pas grand-chose au final. Le Studio est un lieu de rendez-vous et joue un peu le point de rassemblement puisque c’est ici que l’on propose une bonne partie des ateliers. Mais on a conservé nos partenariats, car c’est vraiment enrichissant de travailler avec les différents acteurs culturels de Marseille. On a tous l’envie de faire partager au public une même ligne artistique. Et puis, surtout, on a toujours l’envie de travailler ensemble.
Le Théâtre de La Criée fait désormais partie de ces partenaires. Comment s’est déroulée votre collaboration avec ce lieu plutôt classique ?
C’est Macha Makeïeff qui est venue vers nous. Elle nous a donné carte blanche pour le hall de la Criée. Je crois qu’elle avait envie qu’on bouscule un peu l’image institutionnelle du théâtre. Elle a vraiment souhaité que la présence de Laterna Magica soit un temps festif. Non seulement il y a l’exposition Les Petites Formes durant toute la durée du festival, mais nous avons également mis en place un week-end complet d’activités. Et nous devrions en proposer d’autres en 2012.
En parlant d’avenir, Marseille Provence 2013 approche, avez-vous déjà un projet pour cette année-là ?
Oui, on y participe. Cela tombe d’ailleurs très bien que l’on ait trouvé notre lieu, ça va nous permettre de nous roder avant 2013. Nous voulons proposer un Laterna Magica x 10, c’est-à-dire dix mois de manifestations avec une grosse exposition ou un artiste majeur par mois. Nous avons contacté des structures et des artistes de toute l’Europe. On continue notre démarche : aller vers l’inconnu et faire découvrir des artistes rares ou méconnus.
Une façon de travailler qui vous a conduit à Paris ?
Effectivement, Laterna Magica s’expose au Quai Branly durant une semaine. On avait déjà travaillé avec le Centre Pompidou et c’est le musée qui nous a proposé ce partenariat. Ce sont trois artistes que l’on défend depuis longtemps qui ont mis en place l’exposition Au bout du Monde. Jochen Gerner et Isidro Ferrer seront d’ailleurs présents lors de MP 2013. On est heureux de cette démarche, elle apporte une légitimité à notre travail, mais également une reconnaissance auprès du grand public.
Un public toujours plus nombreux et qui rassemble autant de têtes blondes que d’adultes ?
On souhaite que toutes les générations se retrouvent dans le festival. Laterna Magica est le titre d’un livre d’Ingmar Bergman dans lequel il revient sur son enfance. C’est un peu ce que l’on fait avec la manifestation. On s’adresse aux enfants, mais également à l’enfant qui se trouve en chacun de nous. Via les ateliers par exemple, on revient à des choses simples, loin de toutes les technologies, des jeux vidéos, on travaille avec des matières brutes pour créer. On a envie de partager des univers plus magiques et merveilleux ; l’enfant est réceptif, il suffit de lui montrer autre chose et il s’y intéresse. Bien sûr, il faut une démarche des parents. Les ateliers permettent ce rapprochement, il s’agit d’ailleurs des moments privilégiés pour certains.
Propos recueillis par Aileen Orain